dimanche 5 juin 2011

APPELES A COMMUNIQUER

L’EGLISE ET LES MOYENS  DE COMMUNICATIONS SOCIALES
           
Les premières rencontres de l’Eglise avec les médias ne se manifestaient pas toujours par un accueil de grande sympathie.

Le 25 novembre 1766, le pape Clément XIII publie une encyclique « Christianae reipublicae salus » où il dénonce :
« La santé de la société chrétienne… nous oblige à la vigilance pour que l’insolente et épouvantable  licence des livres, chaque jour produits  en plus grand nombre, ne provoque pas davantage de dégâts… Avec la peste contagieuse des livres déversés sur le peuple chrétien… des hommes égarés, attachés à des mensonges et éloignés de la saine doctrine, troublent la pure source de la foi et battent en brèche les fondements de la religion… Il faut combattre le fléau mortel de tant de livres. ».
La « Christianae reipublicae salus », la « Bonne santé de la République Chrétienne », telle que la voit Clément XIII, commence assez mal ses premiers contacts avec les publications, éditions, livres et journaux. Les réactions  de  l’Eglise officielle sont plutôt inquiètes devant les « premiers médias imprimés » qui apparaissent. « La Christianae reipublicae salus » part en guerre.  
           
Quelques années plus tard, le Cinéma qui balbutie ses commencements en « noir et blanc », n’a guère plus de chance. La première réaction romaine que signalent les chercheurs passe par une mise en garde plutôt sèche. Le 15 juillet 1909, le cardinal Gasparri signale de Rome : « Il a été remarqué que des membres du clergé, séculier et régulier, fréquentaient les cinémas publics où souvent la religion et la morale sont offensées… Nous avons cru de notre devoir d’en informer le St Père… Nous rappelons donc au nom du St Père que le clergé doit s’abstenir des salles publiques… »

Il faudra du temps pour que le regard de l’Eglise sur les médias modernes devienne peu à peu positif.  Quelques gestes viendront pourtant sans trop tarder. Le 22 octobre 1913, Pie X écrira à François Veuillot à propos de son oncle Louis Veuillot, qui fut  un très grand journaliste catholique dans des moments difficiles. Louis Veuillot a été en effet une voix prestigieuse durant les douloureuses années françaises 1905 de la fameuse loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Le Pape se souvient des trop célèbres  « inventaires » où la moindre paroisse de village était vidée de tous ses biens, et de ce temps où toutes les congrégations devaient quitter immédiatement le territoire. Il écrit : « C’est assurément un grand honneur pour un serviteur de l’Eglise que d’avoir, pendant près d’un demi-siècle, projeté sur les événements qui se sont succédé dans le monde la pure lumière de la doctrine catholique et d’avoir poursuivi sans trêve ni merci l’erreur étalée au grand jour et celle qui serpente dans l’ombre… » Dans les limites du langage d’une époque, la rencontre  se fait déjà plus  positive.

Nous bénéficions aujourd’hui de cette longue expérience qui apporte un regard sympathique de l’Eglise aux femmes et aux hommes des médias. La Fête de St François de Sales nous rappelle chaque année, les nouveaux rapports que l’Eglise veut entretenir avec les journalistes, leaders d’opinion, dirigeants d’organismes d’information, éditeurs, libraires, imprimeurs et autres.

La « Journée mondiale des Communications  Sociales » (JMCS) est la seule Journée Mondiale née au cœur du Concile Vatican II. C’était en 1963. Paul VI en lançait sa première édition dès 1966. Elle en est aujourd’hui à sa 45 e. Année après année, elle permet à l’Eglise de valoriser le travail des gens des médias, et d’approfondir les chemins spirituels de tous ceux qui sont engagés dans ces tâches.

            Benoît XVI, à son tour, a voulu marquer le 24 janvier 2011, jour de la fête de saint François de Sales (1567-1622), patron des journalistes, par cette 45e JMCS. Le thème retenu s’affiche sans méfiance, ni tabou : « Vérité, annonce et authenticité de vie à l'ère du numérique ».

            Les encouragements du Pape à entrer dans ces nouveaux « aréopages » ne peuvent être plus clairs. Il importe d’être présent dans Facebook, Twitter et les autres…
            Je voudrais inviter, de toute façon, les chrétiens à s'unir avec confiance et avec une créativité consciente et responsable dans le réseau de relations que l'ère numérique a rendu possible. Non pas simplement pour satisfaire le désir d'être présent, mais parce que ce réseau est une partie intégrante de la vie humaine. Le web contribue au développement de nouvelles et plus complexes formes de conscience intellectuelle et spirituelle, de conviction partagée. Même dans ce champ nous sommes appelés à annoncer notre foi que le Christ est Dieu, le Sauveur de l'homme et de l'histoire, Celui dans lequel toutes choses trouvent leur accomplissement (cf. Ep. 1, 10). La proclamation de l'Évangile demande une forme respectueuse et discrète de communication, qui stimule le coeur et interpelle la conscience; une forme qui rappelle le style de Jésus Ressuscité lorsqu'il se fit compagnon sur le chemin des disciples d'Emmaüs (cf. Lc 24,13-35), qui furent conduits graduellement à la compréhension du mystère à travers la proximité et le dialogue avec eux, pour faire émerger avec délicatesse ce qui il y avait dans leur coeur.”

(De l’homélie  prononcée le dimanche 5 juin 2011,  
en la 45e JMCS, par JB Beraud, sdb,
dans la chapelle du Centre Théologique St Augustin de Nkol Afeme,
Yaoundé - Cameroun)



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