mardi 9 août 2011

POLITIQUE


LA PRESSE CAMEROUNAISE
ET LES PROCHAINES ELECTIONS

L’abbé Jean Benoît Nlend, rédacteur en chef de « l’Effort camerounais », Hebdomadaire catholique d’informations, fondé en 1955, et dont le Directeur au nom de la CENC, Conférence Episcopale Nationale du Cameroun, est Mgr Samuel Kleda, successeur du cardinal Tumi comme archevêque de Douala, n’a pas pris de gants spéciaux pour rendre compte de ce qu’il a « vu et entendu » (Ac 4, 20) lors de la rencontre spéciale à Yaoundé le jeudi 21 juillet 2011, à la Cour suprême de Yaoundé, lors du serment des six nouveaux membres nommés par le Président de la République à l’organisme chargé des prochaines élections ELECAM. Parmi ces six personnes de « la société civile », Mgr Dieudonné Wattio, Evêque de Bafoussam, et le Professeur Pierre Titi Nwell, ancien responsable national de Justice et Paix pour la CENC.  

L’EFFORT CAMEROUNAIS A « VU ET ENTENDU »
L’abbé Jean Benoît Ndlend, rédacteur en chef de « l’Effort camerounais », raconte textuellement dans le N° 509 du 3 au 16 août 2011 :
« Après lecture de leur biographie, les six membres viendront prêter serment à tour de rôle en ces termes : « Je jure de bien et fidèlement remplir mes fonctions, de les exercer en toute impartialité, dans le respect de la constitution et des lois en vigueur, de garder le secret des délibérations et des votes, de ne prendre aucune position publique, de ne donner aucune consultation sur les questions relevant de la compétence d’ELECAM. »
Ceux qui avaient cru que la nomination de Mgr Dieudonné Wattio allait rendre ELECAM plus crédible peuvent déchanter. Non seulement, il n’y est que comme membre, mais il est lié au même serment, au même degré que les autres dix-sept membres. Les chrétiens présents eurent froid au dos quand le premier président de la Cour Suprême siégeant comme Cour Constitutionnelle dira que le serment fait par les nouveaux membres a une valeur « sacramentelle » et que tous ceux qui ont prêté serment se sont « donnés en otages à la divinité ». Il ne convient pas de faire le procès de l’Eglise dans cette affaire dont l’issue nous dira si les hommes d’Eglise et les hommes politiques peuvent enfin faire bon ménage. Jusque là, cela n’a pas été possible. Depuis Mgr Thomas Mongo en 1960 jusqu’au Cardinal Christian Tumi en 1991, en passant par Albert Ndongmo en 1960, on a constaté que les uns et les autres n’avaient pas les mêmes vues. Pendant que les uns avaient la Bible pour livre de référence, les autres avaient Le Prince de Machiavel ou leurs monographies sur leur chevet. Cette impossibilité historique d’entente a amené le Père Jésuite Ludovic Lado, dans un brillant article paru dans le quotidien « Le Jour » du mercredi 20 juillet 2011, à se demander ce que pourra faire un « évêque dans les eaux troubles où la Vérité n’est pas la boussole des navigateurs. »

DEJA DES CHANGEMENTS PAR ORDRE DE LA PRESIDENCE
Ce mardi 9 août 2011, le Journal Cameroun Com N°520 annonce de son côté :

« Elections Cameroon (ELECAM) vient d’être mis hors jeu sur le vote des camerounais résidant hors de leur pays. La radio nationale a rendu public lundi 8 août 2011, un texte signé du Président de la République sur le sujet. Le texte fixe les modalités d’exercice et d’organisation du vote de la diaspora camerounaise. Il intervient alors que le Directeur Général d’ELECAM, avait annoncé l’envoi vers l’étranger d’une délégation en vue d’organiser le déroulement des inscriptions sur les listes électorales. Pour l’essentiel, le texte présidentiel retire la compétence effective de cette opération à cette instance, tant en ce qui concerne les inscriptions sur les listes électorales, la remise effective des cartes d’électeurs et l’organisation des votes… 
ELECAM perd aussi la possibilité de gérer les bureaux de vote à l’étranger. C’est sur proposition des représentants consulaires et diplomatiques que ces bureaux de vote seront créés. Quelques pouvoirs ont été confiés à l’organisme en charge de gérer les élections au Cameroun. Il connait des réclamations sur les inscriptions. Une tâche difficile pour lui et pour les réclamants, compte tenu de la distance qui peut les séparer. Par contre, ce que l’opposition pouvait craindre sur le vote de la diaspora est en train de prendre forme. L’administration s’est arrogé tous les pouvoirs et ELECAM est confiné au statut d’observateur passif, sans aucune ressource. Quant aux partis politiques, il est évident qu’ils seront hors jeu sur la possibilité de contrôler la transparence du vote de la diaspora. Le texte prévoit que si un parti veut être présent dans un bureau de vote au niveau de la diaspora, cela devra être à ses frais. Or très peu de partis ont l’envergure suffisante pour envoyer des membres à eux, superviser des élections aux quatre coins du monde, mais le RDPC lui le peut. Ce nouveau texte risque de relancer le débat sur la volonté réelle du régime au pouvoir de faciliter la tenue d’élections transparentes et équitables…
Le weekend dernier, certains camerounais résidant en Belgique faisaient savoir que l’ambassade locale multipliait des manœuvres pour écarter certains camerounais du processus d’inscription sur les listes. » 
                                                       
Recueilli par JB Beraud, sdb




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