dimanche 26 juin 2011

CAMEROUN - QUELS DROITS DE L'HOMME ?

Les droits humains en milieu carcéral
Corruptions, mensonges, violations de procédures
Les droits des suspects souvent bafoués

Des policiers interpellent, torturent et gardent à vue des citoyens au mépris de la loi. Ils n’hésitent pas à tronquer les procès verbaux sur lesquels s’appuie le procureur ou le juge pour envoyer le suspect tout droit en prison ….

Léon D. n’oubliera pas de sitôt les péripéties qui l’ont conduit pendant trois mois à la prison de New-Bell à Douala. Alors qu’il prend un pot avec ses amis un jour de novembre 2010, il est approché à 21 heures par deux gendarmes qui lui ordonnent de les suivre. « Déshabillez vous et entrez en cellule. Votre enquêteur et le commandant de brigade ne seront là que demain matin pour vous expliquer ce qui vous est reproché », lui commandent-ils, une fois à la brigade de gendarmerie de Bépanda-Ndoungué. En violation flagrante du nouveau code de procédure pénale qui proscrit toute interpellation après 18 heures et préconise le rappel du motif de l’arrestation au suspect, son droit de garder le silence et de se faire assister par un avocat Le lendemain, Léon D. est présenté au commandant qui s’étonne de sa présence et, après un échange, prescrit sa relaxe… Avant de revenir sur sa décision et d’exiger la présence d’un membre de sa famille.

Refus de corruption

Au troisième jour de cette garde à vue sans motif, un vendredi, il est extrait de la cellule et invité à signer des papiers. « J’ai refusé de le faire car n’ayant pas pu prendre connaissance du contenu. Que tu les signes ou pas, cela ne change rien à ton sort » m’a déclaré l’enquêteur en me renvoyant dans ma cellule », se souvient-il.
De nouveau sorti de sa cellule, il est conduit au tribunal de première instance de Ndokotti avec un procès verbal qui l’accuse de complicité de vol aggravé. Le tribunal  se déclare incompétent. Léon D. est finalement transféré à la cellule de la Police judiciaire et présenté, le mardi suivant, au tribunal de grande instance de Bonanjo. Renvoyé pour confrontation avec son co-accusé, il ne le rencontrera jamais Ses enquêteurs ne le lui ayant pas permis, mais noteront dans son procès verbal que ladite confrontation eût lieu. Sa véritable faute, croit-il savoir, est d’avoir refusé de verser aux enquêteurs un bakchich de 400 000 F. Il est envoyé en prison après près d’un mois de garde à vue et ne sera libéré que trois mois plus tard pour faits non établis.
Plus chanceux, Stephen A ne restera que dix jours dans la même prison avant d’être libéré au bénéfice du doute. Interpellé par une patrouille de police à la suite d’une bagarre, son adversaire est relaxé après avoir versé 5 000 F aux policiers. Stephen, lui, est placé en garde à vue dans une cellule du commissariat du port. «Mes enquêteurs me demandaient de l’argent pour me libérer. Comme je n’obtempérais pas, ils m’ont collé le motif de vol aggravé avant de me présenter au juge qui m’a envoyé en prison», explique-t-il. Dix jours après son incarcération, il passe au tribunal et est libéré grâce à la pugnacité de son avocat.

( Envoi de Jade, journal de recherches sur les Droits de l'Homme)

Au même moment où m'arrive cet article de Jade, je reçois un appel du Pèlerin (Bayard-Paris) pour prier contre la torture, et je relis le témoignage de Guy Aurenche. En 1975, Guy, avocat, entre dans l'ACAT, Action des Chrétiens pour l'abolition de la torture, que viennent de fonder, l'année précédente, Hélène Engel (1902-1984) et Edith du Tertre (1912-2005). Guy, devenu Président de l'ACAT, écrira en 2011, en détaillant les actions de l'ACAT :"L'une des spécificités de l'ACAT est la mise en place de groupes dans les communautés monastiques. Quelle émotion en entendant sous les voûtes de l'église savoyarde de Tamié et de bien d'autres monastères, en pleine nuit, les noms de prisonniers torturés, confiés à Dieu. Et parfois aussi les noms des tortionnaires. La pratique de la prière est essentielle pour l'ACAT..."
                                                                  Jean Baptiste Beraud, sdb

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