vendredi 3 juin 2011

QUAND LE FESTIVAL DU SILENCE S'OUVRE A CANNES

« Nouvelle évangélisation » au « Festival de Cannes » ?
Ces dernières années, des observateurs du Festival de  Cannes remarquent qu’il y a dans plusieurs films une recherche du sens. A quelques minutes de Cannes, face à la magnifique baie de la ville, en pleine mer, se dresse l’île St Honorat. Elle abrite un des plus anciens monastères de cisterciens de l’Europe, l’abbaye de Lérins, fondée en 410.
Le succès du film « Des hommes et des dieux », avec 3 200 000 spectateurs a donné un signal de cette soif de sens. Tous les habitués de La Croisette ont ressenti d’une façon ou d’une autre, comme un mouvement intérieur que tel ou tel a appelé « un moment de grâce ». Vincent Mirabel , réalisateur et formateur en cinéma, déclare ouvertement, face aux artistes, journalistes et photographes : « Il y a un public en attente d’œuvres profondément humaines, où la prière et l’amour se donnent à voir sans prosélytisme ».
Les 19 moines de l’abbaye de Lérins suivent, à leur manière, ce qui se passe à quelques encablures de leur île. Des visiteurs leur apportent régulièrement des nouvelles de ce qui se réalise chaque année au Festival de Cannes, dans un rythme serré de programmes cinématographiques, de festivités, de réceptions, et de folles dépenses. Ils ont  l’idée de proposer à ce public spécial, de participer pour quelques heures, suite à la semaine de leur « Festival de Cannes », à un bref « Festival du silence ». L’idée fait mouche. La plupart des grands comédiens s’annoncent. Les noms d’Alain Delon, de Belmondo ouvrent la liste. Au moment du départ, seulement deux  artistes bien connus pour leur engagement chrétien se présentent : Michael Lonsdale, le fameux médecin de « Des hommes et des dieux », et Brigitte Fossey, mais une foule d’amis, d’habitués de « Cannes », de cinéastes, et journalistes, se joint à eux. Deux embarcations accostent à Lérins. Le programme est des plus simples. Le Père Abbé Vladimir Gaudrat, et la communauté saluent les visiteurs. En procession tranquille, on traverse le vignoble. On entre  à la chapelle. Le Père  Abbé lit un passage de l’Evangile selon St Jean. Michaël Lonsdale fait lecture d’un passage de la Règle de St Benoît. Suit un court moment de recueillement. C’est le temps du repas à l’Hôtellerie. La salle à manger est lumineuse et fleurie. Le repas simple et copieux est pris en silence, agrémenté par la lecture à voix haute d’un texte de Christian de Chergé sur le temps de la prière dans la vie monastique. Des chants byzantins suivent, enregistrés par les  moines eux -mêmes…La communication passe par les regards. Les frères trinquent discrètement avec leurs invités. Tel ou tel se recueille. Tous les invités participent maintenant à None à la chapelle. Conduits ensuite à la Salle du chapitre, une merveille d’architecture du  13e siècle, ils écoutent un chapitre de la règle de  St Benoit.
Un temps de dialogue dans le jardin pour ceux qui le souhaitent. Tous semblent heureux de la rencontre.
Le Père Gaudrat, prieur de l’abbaye, enregistre le positif de ce premier « Festival du Silence ». Il reste cependant impressionné : « Ce que je ne pouvais imaginer, c’est combien c’est compliqué pour ces professionnels du grand écran de dégager trois malheureuses petites heures. Cela semble tenir de l’exploit ! Je les plains, car au fond, quel manque de liberté. Je crois que justement, ce qu’il faut montrer à travers cette expérience, c’est le prix du silence… »
De toute façon, la première Edition du « Festival du silence » vient de réussir. N’est-elle pas un signe tout simple elle aussi des recherches de la « Nouvelle évangélisation ».
                                                              (Sources : La Croix du jeudi 19 mai 2011)
(Mot du soir prononcé  le 1er juin 2011, 
 au Centre Théologique de Nkol Afeme,
à Yaoundé - Cameroun, par JB Beraud, sdb)

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