samedi 31 mars 2012

DANS L'ESPRIT

"SOYEZ DANS LA JOIE" (Ph 4,4)

             Le message du Pape pour la JMJ 2012 qui se célèbre dans chaque diocèse, part de l’invitation à la joie que nous trouvons dans la Lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens: “Soyez toujours dans la joie du Seigneur!!” (Ph 4,4).
            Jésus, aux derniers moments de sa vie terrestre, dinant avec ses amis, leur dit: “Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. (…) Je vous ai dit ces choses pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite” (Jn 15,9.11).

         La même expérience de joie est racontée par les Évangiles le jour de la résurrection: “Je vous salue!” (Mt 28,8-9). C’est la joie du Christ vivant, celui qui a vaincu le mal du péché et de la mort.

LE REGARD DE "MONDEACONSTRUIRE"

        Les paroles ci-dessus sont de Benoît XVI. A la veille de sa Passion, comme au soir de sa Résurrection, comme tout au long de sa vie, le Christ invite toute femme et tout homme à "vivre dans la joie".
        Le jeune Dominique Savio dira : "Chez nous, la sainteté consiste à être joyeux !"

                                Jean Baptiste Beraud, sdb

jeudi 29 mars 2012

POLITIQUE

CAMEROUN

L’Église camerounaise dénonce l’impunité
après l’arrestation arbitraire d’un prêtre


               Le vicaire général du diocèse de Douala, le P. Fidèle Mabegle, dénonce l’insécurité croissante, les abus de pouvoir, les violations des droits de l’homme et l’impunité qui sévissent au Cameroun. Au nom de l’Église camerounaise, il exprime sa préoccupation pour l’avenir du pays dans une lettre ouverte parue mardi 26 mars dans L’Effort Camerounais, le journal de la Conférence épiscopale du Cameroun.

            Cette déclaration intervient après l’arrestation arbitraire du P. François Marie Gnammi Kasco, prêtre de la zone de l’aéroport de Douala.

           Le P. Joseph Ndoum, chancelier du diocèse de Douala, a expliqué à l’agence missionnaire Misna que le P. Kasco a été arrêté dans son presbytère le 24 janvier dernier en pleine nuit. Les deux gendarmes qui l’ont escorté jusqu’à Yaoundé, à plus de 300 km de là, ne présentaient aucun mandat d’arrêt formel.

« Un enlèvement et une détention arbitraire »

          Le prêtre a été retenu pendant plusieurs heures par la brigade de gendarmerie de Yaoundé I, où il aurait par ailleurs été maltraité. Il n’a été libéré qu’après l’intervention de Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala. Le P. Kasco a ensuite été déféré en jugement pour « manipulation spirituelle » à l’égard d’une étudiante.

          « L’affaire de notre confrère, qui a été victime d’un enlèvement et d’une détention arbitraire, illustre parfaitement l’attitude irresponsable de certains membres des forces de sécurité, censées pourtant assurer l’ordre et le respect de la loi, accuse le P. Ndoum. Quant aux traitements subis par le P. Kasco, dont tout le monde a eu connaissance parce qu’il fait partie du clergé, il ne s’agit en réalité que de la pointe de l’iceberg, d’innombrables civils anonymes sont traités de la même manière. »

Douze paroisses attaquées à Douala

           Deux mois après les faits, les responsables de l’arrestation arbitraire du P. Kasco n’ont toujours pas été sanctionnés, relève le P. Ndoum.

           Depuis juin 2010, pas moins de douze paroisses ont été attaquées et saccagées à Douala, où des humiliations et des violations se vérifient chaque jour, dénonce le clergé local.

        De l'Effort camerounais, repris par E. M. dans La Croix (avec Apic)

LE REGARD DE "MONDEACONSTRUIRE"
           Au Cameroun, le diocèse de Douala réagit constamment devant les abus continuels du système en place qui s'enfonce chaque jour davantage dans la corruption et le mensonge. Le journal "L'Effort camerounais" , installé dans les dépendances de l'Archevêché, poursuit sa recherche de vérité.
          Mgr Kléda a vivement protesté contre "l'enlèvement " d'un de ses prêtres par la police. L'Eglise camerounaise reste toujours sans réponse sur la disparition d'une vingtaine de prêtres et de quelques évêques durant les années passées. Le Cardinal Tumi répondait à un journaliste, il y a dix ans: "Losque les choses se passent ainsi, c'est que l'Etat cache quelque chose". Ces derniers jours, l'ordre venu "d'en haut" pour évacuer par la force la jeune maman camerounaise à qui on a volé son bébé continue de certifier que "cet Etat cache quelque chose".
          Dommage ! Le peuple camerounais et ses dirigeants ont le droit de "vivre autrement"
                                                Pierre Jarret

mercredi 28 mars 2012

EGLISE

 RDC

 République Démocratique du Congo 

Une grande dévotion populaire pour Don Bosco
Photo de l'article -RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO – UNE GRANDE DÉVOTION POPULAIRE POUR DON BOSCO
De Turin à Nairobi, d'Abidjan à Yaoundé, de Kinshasa à Lubumbashi,
 les relques de Don Bosco
découvrent la terre d'Afrique.
et font connaître le "saint des jeunes"


République Démocratique du Congo –
 “Don Bosco est arrivé!”                 
         27 03 2012


(ANS – Goma)
             Le pèlerinage de l’urne de Don Bosco dans la Province de l’Afrique centrale, où elle restera jusqu’à la mi-avril, se poursuit. Après avoir quitté Kinshasa, la relique a été conduite à Goma et par la suite à Lubumbashi.
            La journée du mardi 20 mars a été presque entièrement dédiée au déplacement de l’urne de Kinshasa à Goma, séparées par plus de 1.600 km. Pourtant, cela n’a pas fait manquer les épisodes, imprévus et donc absolument spontanés, qui ont mis en évidence la dévotion profonde du peuple congolais pour Don Bosco. Par exemple, à l’aéroport de Ndolo, une étape intermédiaire du long voyage, l’urne est arrivée recouverte d’une couche de poussière; dès qu’elle a été déchargée du camion et avant d’être chargée sur l’avion, elle a été entièrement nettoyée avec un chiffon savonné par une dame, avec les soins et l’amour propre à une mère. Ou bien, à Kananga, où l’urne s’est arrêtée une heure à peine pour une escale technique, les pilotes et le personnel de l’aéroport ont profité de la pause pour une vénération privée.
              Enfin arrivée à Goma, le mardi 20, tard dans l’après-midi, l’urne a ensuite été conduite à la cathédrale, où les fidèles l’attendaient depuis 10h00. Mgr Louis Nzabanita, représentant de l’évêque, a présidé l’Eucharistie, rendant grâce au Seigneur pour l’opportunité de vénérer les reliques de Don Bosco, quelques mois après le pèlerinage dans la ville des reliques du bienheureux Jean-Paul II.
              Le jour suivant, au cours d’une procession longue et multicolore, pleine de jeunes, la relique a été conduite de la cathédrale au Centre Don Bosco de Ngangi. Au Centre, le père Jean-Claude Ngoy a présidé la messe, et l’homélie a été prononcée par le père Piero Gavioli, directeur de l’œuvre. Le programme s’est poursuivi par une longue session de vénération, individuelle et par groupes, et dans l’après-midi, par une autre messe pour les habitants du quartier. Dans la soirée a commencé une veillée de prière qui s’est poursuivie jusqu’au matin suivant.
           Le jeudi 22 l’urne s’est arrêtée dans l’autre grande œuvre salésienne de Goma, l’Institut technique industriel Goma (ITIG). Les élèves de l’ITIG se sont rendus tôt le matin au Centre des jeunes, où ils ont participé à la messe; ensuite, ils ont escorté l’urne en procession vers leur école, tandis que les salésiens guidaient les chants et les prières et expliquaient la signification de la visite des reliques. Arrivés à destination, une deuxième célébration eucharistique a été célébrée, suivie par la vénération de tous les étudiants et du personnel scolaire.
            La journée du vendredi 23 mars, le pèlerinage de l’urne a touché la ville de Lubumbashi, où, à l’intérieur de la cathédrale, elle était attendue par Mgr Gaston Ruvezi, sdb, evêque de Sakania-Kipushi. Dans l’église a d’abord eu lieu la vénération des fidèles, et dans l’après-midi la sainte messe, présidée par le prélat salésien.
                                                    Publié le 27/03/2012

LE REGARD DE "MONDEACONSTRUIRE"

           L' Agence ANS a été inaugurée en 1993 à la Pisana, à Rome, par le Père Egidio Vigano, Recteur Majeur des salésiens. Le Père Martinelli, Conseiller Général pour la Communication, avec une grande audace apostolique, avait convoqué dix-huit salésiens, choisis dans tous les continents, comme "engagés d'une façon ou d'une autre", dans les médias. Aidé du Père Carlos Garulo, il entendait en quelques jours, nous rendre aptes à lancer une Agence Internationale d'Information.      
         Le Pape Jean Paul II nous recevait heureus pour une messe à Castelgandolfo. Parmi nous, plusieurs sont connus maintenant en Asie ou ailleurs pour leurs travaux de recherche dans les Communications. Paul, de Calcutta, a reçu une des plus hautes reconnaissances de la Pologne. Le salésien chinois Savio Hon Taï est devenu le N° 2 de l'organisme du Vatican chagé des missions. Tous les jours, ANS envoie des informations au monde entier. Don Bosco continue de "former les consciences"
                                              JB Beraud, sdb

mardi 27 mars 2012

POLITIQUE

SENEGAL

UNE VICTOIRE DE LA DEMOCRATIE


Macky Sall remporte la présidentielle

Par Idriss Linge - 26/03/2012, dans "Cameroun.com"

Le président sortant Abdoulaye Wade a reconnu la victoire de l'ex-Premier ministre, à l’issue du deuxième tour qui s’est déroulé dimanche 25 mars 2012

L'ex-Premier ministre du Sénégal, Macky Sall, est devenu le dimanche 25 mars 2012, le nouveau chef de l'Etat à l’issue du second tour de la présidentielle. Abdoulaye Wade son adversaire et président sortant, a reconnu sa défaite avant même les résultats officiels d'un scrutin qui s'est déroulé finalement sans heurts. Mes chers compatriotes, à l'issue du second tour de scrutin les résultats en cours indiquent que Macky Sall a remporté la victoire, a déclaré le président Wade, selon un communiqué diffusé dimanche dans la soirée par la présidence sénégalaise. En dépit des craintes suscitées par la candidature très contestée de Wade, 85 ans, et qui cherchait un troisième mandat, la victoire acceptée de son ancien ministre et Premier ministre qu'il appelait son "apprenti", semble désormais chose admise. Comme je l'avais toujours promis, je l'ai donc appelé dès la soirée du 25 mars au téléphone pour le féliciter, a expliqué le chef de l'Etat sortant. Wade a aussi salué le peuple sénégalais pour sa mobilisation autour de ce scrutin. Vous avez été nombreux... à vous rendre aux urnes et à voter librement, dans le calme et la sérénité, et je vous félicite tous et toutes pour la part déterminante que chacun de vous a jouée dans ce processus, a-t-il ajouté. Une rhétorique reprise aussi par Macky Sall. Ce soir (dimanche), un résultat est sorti des urnes, le grand vainqueur reste le peuple sénégalais, a-t-il déclaré de son côté lors d'une conférence de presse à Dakar. Je serai le président de tous les Sénégalais, a-t-il promis, remerciant notamment le président Wade pour son appel téléphonique.


LE REGARD DE « MONDEACONSTRUIRE »

Peu de gens attendaient pareil geste de Wade. L’Afrique a aussi des hommes qui se respectent et respectent les autres. Tous les dirigeants ne sont pas obligés de décider qu’il faut mentir continuellement à soi-même et à tout son peuple.





























lundi 26 mars 2012

DANS L'ESPRIT

MEXIQUE

L'ANGELUS DE BENOIT XVI

Voici les paroles de Benoît XVI en espagnol avant la prière de l’angélus de midi, le 25 mars 2012. Traduction du Saint-Siège :

Chers frères et sœurs,

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus parle du grain de blé qui tombe en terre, meurt et se multiplie, en répondant à quelques grecs qui se sont approchés de l’apôtre Philippe pour lui demander : « Nous voulons voir Jésus » (Jn 12, 21). Nous invoquons aujourd’hui Marie la très Sainte et nous la supplions : « Montre-nous Jésus ».

En priant maintenant l’Angelus, nous souvenant de l’Annonciation du Seigneur, nos yeux se dirigent également en esprit vers la montagne de Tepeyac, le lieu où la Mère de Dieu, sous le titre de la toujours vierge sainte Marie de Guadalupe, est honorée avec ferveur depuis des siècles comme un signe de réconciliation et de l’infinie bonté de Dieu pour le monde.

Mes prédécesseurs sur la Chaire de saint Pierre l’ont honorée avec des titres si chargés de profonde vénération comme Dame du Mexique, Patronne céleste de l’Amérique Latine, Mère et Impératrice de ce continent. Ses fils fidèles à leur tour, expérimentant son aide, l’invoquent pleins de confiance avec des noms aussi affectueux et familiers que Rose du Mexique, Dame du Ciel, Vierge Noire, Mère de Tepeyac, Noble Petite Indienne.

Chers frères, n’oubliez-pas que la véritable dévotion à la Vierge Marie nous rapproche toujours de Jésus et « ne consiste nullement dans un mouvement stérile et éphémère de la sensibilité, pas plus que dans une vaine crédulité ; la vraie dévotion procède de la vraie foi, qui nous conduit à reconnaître la dignité éminente de la Mère de Dieu, et nous pousse à aimer cette Mère d’un amour filial, et à poursuivre l’imitation de ses vertus » (Lumen gentium, 67). L’aimer, c’est s’engager à écouter son Fils ; vénérer la Guadalupana, c’est vivre selon les paroles du fruit béni de son sein.

En ces moments où tant de familles se trouvent divisées ou forcées à émigrer, où d’autres innombrables souffrent à cause de la pauvreté, de la corruption, de la violence domestique, du narcotrafic, de la crise des valeurs ou de la criminalité, recourons à Marie en recherche de consolation, de force et d’espérance. Elle est la Mère du vrai Dieu qui invite à demeurer avec la foi et la charité sous son ombre pour dépasser ainsi tout mal et instaurer une société plus juste et solidaire.

C’est avec ces sentiments que je désire de nouveau déposer ce pays, toute l’Amérique latine et les Caraïbes sous le doux regard de Notre Dame de Guadalupe. Je confie chacun de leurs fils à l’Étoile de la première et de la nouvelle évangélisation qui a animé de son amour maternel leur histoire chrétienne, donnant une expression propre à leurs gestes patriotiques, à leurs initiatives communautaires et sociales, à la vie familiale, à la dévotion personnelle et à la Misión continental qui se développe aujourd’hui en ces nobles terres. En des temps d’épreuve et de douleur, elle a été invoquée par tant de martyrs qui, au cri de « Vive le Christ Roi et Marie de Guadalupe », ont donné un témoignage ferme de fidélité à l’évangile et de don à l’Église. Je la supplie maintenant de faire en sorte que sa présence dans cette chère Nation continue à appeler au respect, à la défense et à la protection de la vie humaine, et à la stimulation de la fraternité, évitant la vengeance inutile et déracinant la haine qui divise. Que Sainte Marie de Guadalupe nous bénisse et nous obtienne, par son intercession, d’abondantes grâces du ciel.

© Libreria Editrice Vaticana - 2012

dimanche 25 mars 2012

EGLISE


MEXIQUE

LE PAPE DANS L'AVION 

QUI LE MENE 

AU MEXIQUE ET A CUBA





P. Lombardi – Saint-Père, la troisième question vient de Valentina Alazraki pour Televisa, une des vétéranes de nos voyages, que vous connaissez bien et qui est si heureuse que vous puissiez enfin aller dans son pays :

Valentina Alazraki – Saint-Père, nous vous souhaitons vraiment la bienvenue au Mexique: nous nous réjouissons tous que vous veniez au Mexique. Voici ma question : Saint-Père, vous avez dit que du Mexique, vous vouliez vous adresser à l’Amérique latine entière, qui vit le bicentenaire de son indépendance. L’Amérique latine, malgré son développement, continue à être une région de contrastes sociaux, où les plus riches côtoient les plus pauvres. Parfois il semble que l’Eglise catholique n’encourage pas suffisamment à s’engager dans ce domaine. Est-il possible de continuer à parler de la “théologie de la libération” d’une façon positive, après que certains excès – sur le marxisme ou la violence – aient été corrigés?

Benoît XVI – Naturellement, l’Eglise doit toujours se demander s’il est fait suffisamment pour la justice sociale sur ce grand continent. C’est une question de conscience que nous devons toujours nous poser. Se demander : qu’est-ce que l’Eglise doit faire, qu’est-ce qu’elle ne peut pas et ne doit pas faire? L’Eglise n’est pas un pouvoir politique, ce n’est pas un parti, mais c’est une réalité morale, un pouvoir moral. La politique doit être une réalité morale et en cela l'Eglise a fondamentalement à faire avec la politique. Je répète ce que j’ai déjà dit : le premier souci de l'Eglise est celui d'éduquer les consciences à la responsabilité morale et ainsi créer la responsabilité nécessaire; éduquer les consciences, que ce soit dans l’éthique individuelle ou dans l’éthique publique. Il y a peut-être un manque à ce sujet. On voit, en Amérique latine, mais aussi ailleurs, auprès de nombreux catholiques, une certaine schizophrénie entre morale individuelle et publique : personnellement, dans la sphère individuelle, ils sont catholiques, croyants, mais dans la vie publique, ils suivent d’autres routes qui ne correspondent pas aux grandes valeurs de l’Evangile, nécessaires pour l’édification d’une société juste. Il faut donc éduquer à surmonter cette schizophrénie, éduquer non seulement à une morale individuelle, mais à une morale publique. Et ceci nous cherchons à le faire avec la Doctrine sociale de l’Eglise, car naturellement cette morale publique doit être une morale raisonnable, commune et partageable aussi par les non-croyants, une morale de la raison. Bien sûr, dans la lumière de la foi, nous pouvons mieux comprendre de nombreuses réalités que la raison peut également appréhender. Mais la foi sert justement à libérer la raison des intérêts erronés et obscurcis, et ainsi créer, dans la doctrine sociale, les modèles essentiels d’une collaboration politique, en particulier pour surmonter cette division social/antisocial, qui malheureusement existe. Nous voulons travailler en ce sens. Je ne sais pas si l’expression « théologie de la libération », qui peut être très bien interprétée, nous aiderait beaucoup. Ce qui est important, c’est que l’Eglise offre une contribution fondamentale à la rationalité commune, et elle doit toujours aider à l’éducation des consciences, que ce soit pour la vie publique, ou pour la vie privée.

                         (Traduction d’Anne Kurian]  Message Presse)


lundi 19 mars 2012

DANS L'ESPRIT


19 MARS

BONNE FETE A TOUS LES « JOSEPH »

« Les bergers sont vite accourus, 
ils ont trouvé Marie et Joseph, 
avec le nouveau- né couché dans une crèche »
                                                                           (Lc 2,16)

EGLISE



LES EVEQUES  DE LA RDC ONT DIT

« L’on ne construit pas un Etat de droit dans une culture de tricherie, de mensonge et de terreur, de militarisation et d’atteinte flagrante à la liberté d’expression. »
(« Le courage de la vérité (cf 2 Cor 7, 14) »
Message de l’Assemblée plénière extraordinaire de la CENCO aux fidèles catholiques et à l’ensemble du peuple congolais. Kinshasa, le 11 janvier 2012.)

REVUE DE PRESSE

CAMEROUN:

LE SCANDALE  EST TROP GRAND

Du journal "Emergences" 
dans son édition du 17 mars 2012

          "Au Cameroun, « l’affaire Vanessa Tchatchou » vient d’étaler à la face du monde, la crise de confiance qui s’est installé entre les Camerounais et leurs dirigeants.
L’Affaire Vanessa Tchatchou ? C’est cette histoire de bébé volé à l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de
Yaoundé qui agite l’opinion publique depuis plusieurs semaines. Même si l’affaire est loin de déclencher un printemps camerounais comme en Tunisie, elle a permis de mesurer, sur les antennes de RFI (Radio France
Internationale), lors de l’émission « Appels sur l’actualité », la vague d’indignation des populations sur la manière dont les autorités gèrent les problèmes au Cameroun. La décision
de chasser la petite de 17 ans de l’hôpital a vraisemblablement heurté l’opinion: « Je voudrai décrier l’absence totale d’humanité, de compassion», « C’est inadmissible, c’est ubuesque », «Je suis choqué », « Ce n’est pas sérieux de la part des autorités ». 
       Les réactions de protestation n’ont cessé de crépiter pendant les 20 minutes qu'a duré l’émission. Dans les milieux populaires de Yaoundé, l’on a le sentiment
que, malgré le limogeage du directeur de l’hôpital, le gouvernement a décidé de protéger une magistrate que la
famille soupçonne de détenir l’enfant de Vanessa. Une raison de plus, fait remarquer un observateur, pour
approfondir la cassure entre le Cameroun d’en haut et celui d’en bas."

dimanche 18 mars 2012

POLITIQUE

ALGÉRIE


IL Y A 50 ANS AUJOURD'HUI

C'était le 18 mars 1962. Je me souviens. Les yeux du monde étaient tournés vers Evian, jolie petite ville savoyarde au sud du lac Léman, non loin de Genève. 


Nombre de rencontres secrètes avaient préparé le terrain. Des hommes de l'Algérie et de la France se rencontraient. Des deux côtés, un long chemin avait été réalisé. Des amitiés ouvertes ou clandestines s'étaient nouées pendant ces dures années de guerre. Tous percevaient confusément qu'une entente pouvait ramener la paix. Elle serait "crucifiante" pour tel ou tel groupe. Un de mes frères salésiens protégea des centaines de "harkis"qui avaient été pratiquement oubliés dans ces "moments où personne ne sait plus lire l'histoire".  Nos paroisses étaient mobilisées pour accueillir le retour dramatique des "Pieds Noirs". Le gouvernement du pays multipliait à leur égard de saines initiatives. Tout cet accueil ne pouvait diminuer les peines et les souffrances.
Les jeunes du contingent allaient rentrer, souvent terriblement marqués par ce qui leur avait été imposé. Des centaines d'autres avaient énergiquement "refusé de torturer". Leurs cahiers de témoignage avaient considérablement aidé les épiscopats des deux pays à apporter aussi leurs propositions aux "hommes politiques". 
Un ambassadeur algérien dans un pays d'Afrique noire, pouvait dire récemment à un prêtre missionnaire français: "Nous savions...Nous vous remercions de ce qui a été accompli à cette époque..." 


                                    Pierre JARRET

vendredi 16 mars 2012

POLITIQUE

CAMEROUN:
LE CALVAIRE DE LA JEUNE VANESSA

Revue de la presse de ce vendredi 16 mars
du Journal "Le Cameroun Com"
Par Diane Nanyan - 16/03/2012
"Affaire Vanessa Tchatchou, élection à l’Assemblée nationale, litiges sur le site de la nouvelle cimenterie, et en fait divers l’histoire d’un homme qui tue son amante..."


NDLR - Sur ce programme, nous ne reprenons ici que ce qui touche à la jeune Vanessa.

     Vanessa Tchatchou a été expulsée "manu militari" de l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Ngousso. 
« Le Jour » explique : «  Vanessa Tchatchou s’est fait conduire par une dizaine de policiers armés, vers un lieu inconnu. Autour de 20h, elle a été violemment sortie de la chambre qu’elle occupe à l’hôpital gynéco-obstétrique, trainée au sol et jetée de force dans un véhicule. L’enlèvement de Vanessa s’est fait en présence du nouveau directeur général de l’hôpital gynéco-obstétrique, Angwafor III Fru Fobuzshi, qui coordonnait l’opération. A ce moment-là, la famille de Vanessa était absente de l’hôpital. D’après nos informations, l’ordre de la faire sortir de cette formation hospitalière serait venu de la présidence de la République. La « Nouvelle Expression » va plus loin La mère du bébé volé a été mise de force dans un véhicule qui a démarré en trombe. Initialement, les policiers ont fait savoir aux membres de la famille que la destination directe était la maison familiale]. Le cortège a fait plusieurs contours dans la ville, les policiers prétextant qu’il: "faut semer les gens qui sont tentés de les suivre". C’est vers 22h que les policiers sont arrivés à la maison familiale, quelque part après les rails, à Ngousso. En revanche « L’actu » dit que la jeune mère expulsée a immédiatement été conduite dans une autre formation hospitalière. Jetée à l'entrée du domicile familiale-parce qu'elle refusait de descendre du véhicule de la police, Vanessa perd conscience, détaille le quotidien de Gustave Samnick. « Mutations » précise que victime d’un malaise après son expulsion « manu militari » de l’hôpital pour le domicile familial, elle a été hospitalisée dans un lieu tenu secret. »

LE REGARD 
DE "MONDEACONSTRUIRE"

   "L'Affaire Vanessa se révèle jour après jour d'une cruauté incroyable. Les journalistes sont effrayés de leur propre titre. L'un d'entre eux ouvre ainsi son commentaire: "Tous des monstres !"
     "Le Messager" multiplie ses pages sur la "jeune camerounaise". "Affaire du bébé volé: "Le régime de Yaoundé entre rebuffades et reculades". (Le Messager du 13 mars 2012)

Les versions du gouvernement et les autres

   Nous citons sous ce dernier titre l'article de Edouard Kingue: "Pour le gouvernement, deux versions contradictoires sont avancées: l'une du ministre de la Communication...qui a soutenu que l'enfant dit volé est mort et enterré, l'autre de Catherine Bakang Mbock, ministre des Affaires sociales. Selon elle, il n'y a pas eu de vol de bébé..." (Ndlr. On croit rêver devant de telles affirmations de la part d'un gouvernement qui voudrait même "museler la presse")
          "La troisième version...soutenue par la jeune maman et les organisations de la société est celle selon laquelle le bébé n'est pas mort."
            Au milieu de cette immense débâcle morale d'un pays qui s'est laissé descendre dans les bas-fonds les plus criminels, des hommes de vérité surgissent. Il faut signaler le courage de Vincent Sosthène  Fouda, écarté de façon assez peu courtoise des dernières élections présidentielles. Cet homme a fait refaire les  tests ADN au Centre hospitalier universitaire vaudois, à Lausanne, en Suisse. La réponse est terriblement éclairante: "A 99, 99 % le bébé détenu par la magistrate (Ndlr. Mme Caroline Mejang  Ndikum Ateh) est bel et bien celui de Vanessa Tatchou"  ( Le Messager du 12 mars 2012)
        Aux côtés du Professeur Fouda, l'Histoire retiendra le nom de Shanda Tonmé, écrivain camerounais très connu. Président de la "Commission Indépendante contre la corruption et la discrimination" (Comicodi), Monsieur Shanda Tonmé confirme sans hésiter dans sa "Déclaration N° 9" sur cette affaire que cette dame magistrate est bien celle "qui détient actuellement le bébé". 
        Mr Tonmé va jusqu'à rappeler dans ce même texte: "Cette situation s'est déjà vue dans l'histoire récente du monde, notamment sous les dictatures des années 1970 en Amérique Latine (Argentine et Chili), où les enfants des pauvres furent enlevés de force à leurs familles, pour être placés dans des familles des classes dirigeantes..."
         Cette dernière phrase d'un homme réputé pour son sens des responsabilités est une condamnation grave pour le régime camerounais. Les difficultés que rencontrent la jeune Vanessa et ceux qui tentent de "déchiffrer lucidement ces évènements", sont le signe évident que le système mis en place à Yaoundé est loin de pouvoir être reconnu comme "démocratique".
                                                    Pierre Jarret
      



jeudi 15 mars 2012

EGLISE

VATICAN :

PIE XII FAVORABLE
A LA CREATION
D'UN TERRITOIRE JUIF EN PALESTINE

A Rome, la fondation « Pave the Way »
a présenté ce mercredi 14 mars 2012  le Document suivant.

« Des documents des Archives principales de Yad Vashem montrent que l’archevêque Eugenio Pacelli - futur pape Pie XII - , était favorable à l’établissement de l’Etat moderne d’Israël, indique la fondation « Pave the Way ». Cette organisation a pour but d’identifier et si possible d’enlever les obstacles au dialogue entre les religions. Elle mène notamment des recherches sur l’histoire des relations de Pie XII avec les juifs.

         La fondation, basée à New York, explique qu’en 1917 l’archevêque Eugenio Pacelli a rencontré Nahum Sokolow, président de l’Organisation mondiale sioniste, et qu’il a arrangé une rencontre de Sokolow avec le pape Benoît XV pour discuter la question d’un territoire juif. Dans un rapport passionné, Sokolow raconte son audience du 12 mai 1917.
Quand Sokolov rencontre Pacelli en 1917
          « J’ai tout d’abord été reçu par Mgr Eugenio Pacelli, Secrétaire pour les affaires extraordinaires, écrit Sokolow, puis, quelques jours plus tard, j’ai eu un long entretien avec le cardinal Secrétaire d’Etat Gasparri. Ces deux rencontres furent extrêmement amicales et positives. Je n’ai pas tendance à la crédulité ni à l’exagération, mais je ne peux m’empêcher d’insister sur le fait que ces moments ont révélé une amitié extraordinaire : accorder avec tant de promptitude, à un juif, représentant du sionisme, une audience privée qui a duré si longtemps, qui a été si chaleureuse et qui a manifesté de telles marques de sympathie, tant pour les juifs en général que pour le sionisme en particulier, tout cela prouve que nous n’avons pas à craindre le moindre obstacle insurmontable de la part du Vatican. Le pape m’a dit : « Pacelli m’a parlé de votre mission ; voudriez-vous m’en dire davantage ? ». » (File A 18/25 dans les Archives principales de Yad Vashem).

           « Pave the Way » note un peu plus loin : « Le 15 novembre 1917, le nonce [en Allemagne, ndlr], Mgr Pacelli, est intervenu, à la demande expresse de la communauté juive de Suisse, qui craignait ce qui aurait pu être un massacre des juifs de Palestine par les Ottomans. Pacelli a demandé au gouvernement allemand, alors allié des Turcs ottomans, de protéger les juifs de Palestine. Il a obtenu gain de cause et la promesse que les Juifs seraient protégés par le gouvernement allemand « même par les armes ».
Quand Pacelli rencontre Adenauer, Einstein, Thomas Mann en 1926
          Pacelli a rencontré de nouveau Sokolow le 15 février 1925, et il a arrangé un autre entretien avec le cardinal Pietro Gasparri au sujet de la création d’un territoire juif en Palestine. En 1926, Pacelli a exhorté tous les catholiques à rejoindre le mouvement pro-Palestine en Allemagne, auquel participaient des personnes aussi remarquables que Albert Einstein, Thomas Mann, Konrad Adenauer et le P. Ludwig Kaas.

          La fondation « Pave the Way » a appris l’existence d’un document non publié à ce jour qui donnerait peut-être des indications sur l’attitude de Pie XII à l’égard d’un territoire juif. En 1944, Pie XII s’est opposé au sentiment général de son Secrétaire d’Etat, en répondant à une lettre de Mgr Domenico Tardini lui déconseillant d’aider les juifs à établir un territoire. Pie XII a écrit de sa main : « Les Juifs ont besoin d’avoir leur terre ». Ce document est dans la section fermée de la Bibliothèque vaticane et il ne sera accessible que lorsque les archives seront entièrement ouvertes.

           La fondation explique aussi que des chercheurs ont découvert le discours que Pie XII a adressé en 1946 à une délégation d’Arabes venus à Rome pour dissuader le pape d’appuyer la création d’un territoire juif en Palestine. Pie XII conclut la rencontre et il laissa la délégation arabe très déçue, en déclarant clairement : « Plusieurs fois par le passé, nous avons condamné la persécution déchaînée contre le peuple juif par un anti-sémitisme fanatique ».

           D’après des recherches effectuées par la fondation Raoul Wallenberg, c’est Pie XII qui a « préparé le chemin » pour que les pays catholiques membres des Nations-Unies votent positivement en faveur de la partition de la Palestine, en novembre 1947. « Nous avons trouvé des articles d’après lesquels le Vatican avait encouragé l’Espagne à reconnaître l’état hébreu en 1955 », précise la fondation.

         Elliot Hershberg, directeur de « Pave the Way », déclare : « Nos recherches ont montré que les relations positives du pape Pie XII avec le peuple juif datent des années de jeunesse de Pacelli, lorsqu’il avait un ami d’enfance très cher, un garçon juif orthodoxe qui s’appelait Guido Mendes. Pacelli partageait des repas du Shabbat, il avait appris à lire l’hébreu et empruntait des livres de grands auteurs rabbiniques. Les documents que nous avons découverts dévoilent les nombreuses interventions de Pacelli pour sauver la vie de juifs et pour protéger les traditions juives. Cette évidence dément les allégations selon lesquelles il aurait été de quelque façon antisémite, ce qui a été considéré comme un fait par certains historiens. »

           Le président de « Pave the Way », Gary Krupp, affirme pour sa part: « Le but de notre fondation a toujours été d’utiliser nos relations internationales pour identifier et rendre accessible tout document que nous pouvons repérer en le mettant en ligne, afin de mettre l’information à disposition des spécialistes dans le monde, que le message soit positif ou négatif. A ce jour, nous avons posté plus de 46.000 pages de documents de recherche, ainsi que de multiples interviews vidéo de témoins oculaires. Conformément à notre mission, nous essayons de résoudre cet obstacle vieux de 47 ans entre les juifs et les catholiques. »


mercredi 14 mars 2012

EGLISE

NIGERIA :

DES JEUNES POUR PROTEGER LES EGLISES

                                                ( Dans La Croix du 14 mars 2012)



Au Nigeria, des brigades de jeunes pour protéger les églises
À la demande de la conférence épiscopale du pays, chaque paroisse du pays est invitée à constituer une brigade d’autodéfense, composée de jeunes gens.
Ce nouveau dispositif s’étend peu à peu à l’ensemble du territoire.
Un membre d’une brigade MOD devant la paroisse Saint-Pierre-et-Saint-Paul dans la ville d’Aliade.
Un membre d’une brigade MOD devant la paroisse Saint-Pierre-et-Saint-Paul dans la ville d’Aliade.
LAURENT LARCHER
Un membre d’une brigade MOD devant la paroisse Saint-Pierre-et-Saint-Paul dans la ville d’Aliade.
LAURENT LARCHER

Un membre d’une brigade MOD

devant la paroisse Saint-Pierre-et-Saint-Paul dans la ville d’Aliade.

«C’est Dieu qui est le protecteur de son peuple. Mais Il a besoin d’hommes pour l’aider dans cette tâche. Nous, les cadets, nous avons répondu à cet appel. Nous assurons la sécurité de l’église, nous protégeons les chrétiens de ceux qui les menacent», explique d’une voix claire et déterminée Daniel Agbo, un jeune homme de 25 ans portant rangers, pantalon kaki et chemise militaire.
Il arbore fièrement l’uniforme des MOD (Men of Order and Discipline, «les hommes de l’ordre et de la discipline»).
Fondé dans les années 1980 par un prêtre de Maiduguri, ville travaillée par l’intégrisme islamique dans l’État de Borno (nord-est du pays), ce mouvement s’étend depuis peu à l’ensemble du Nigeria. Devant l’actuelle montée des violences dont sont victimes les chrétiens, la Conférence épiscopale et le gouvernement nigérian encouragent les diocèses à doter leurs paroisses d’une brigade MOD pour assurer la sécurité des fidèles.

«Repérer les comportements suspects»

Avec une vingtaine de ses camarades de la paroisse du Saint-Esprit de Wukari, dans l’État de Taraba, à 500 km à l’est d’Abuja, la capitale fédérale du Nigeria, Daniel Agbo assure tous les dimanches la protection de son église. «Nous contrôlons tous les véhicules qui viennent se garer dans la cour, nous fouillons les sacs. Pendant les cérémonies, nous patrouillons dans l’église pour repérer les comportements suspects, détecter les dangers potentiels. À Wukari, nous nous méfions des musulmans. Depuis que Boko Haram (NDLR : groupe islamiste terroriste) s’attaque aux chrétiens, nous devons redoubler de vigilance », assure le jeune homme.
Dans cette ville estudiantine, les relations entre chrétiens et musulmans sont tendues. En juillet 2010, de jeunes chrétiens détruisirent une mosquée que construisait le commissaire de police dans la cour du commissariat. Aussitôt, de jeunes musulmans s’en prirent à une église.
L’affrontement entre les deux communautés fut direct et violent : huit personnes furent tuées, six mosquées et une église brûlées. L’armée dut intervenir pour rétablir l’ordre.

Prêts à en découdre

«Dans nos rangs, nous avons perdu quatre amis», se souvient Daniel. C’est dans ce contexte tendu que l’année dernière, la paroisse a lancé une brigade MOD. Ce service d’ordre n’est pas sans évoquer un groupe paramilitaire.
Il en a épousé l’uniforme, la structure et le comportement. Les jeunes gens défilent en rang, se saluent militairement, adoptent un air martial et se retrouvent une fois par semaine pour s’entraîner.
À écouter Daniel et son chef, Michael-Emmanuel, 33 ans, les MOD de Wukari sont visiblement prêts à en découdre : «Nous devons nous préparer à toute forme d’attaque. Nous ne sommes pas armés. S’il y a un problème, nous ferons barrage avec nos corps», explique-t-il avec fierté.
«J’espère qu’un jour on nous permettra de nous armer», s’exclame Daniel, avant d’ajouter dans un éclat de rire : «Les chrétiens ne sont pas des moutons qui vont se laisser conduire à l’abattoir sans réagir.»

Questions de partage et de contrôle des terres

À 240 km de là, à Jalingo, la capitale de l’État de Taraba, l’évêque du lieu encourage chaleureusement les paroisses de son diocèse à adopter ce mouvement. «Il faut bien comprendre que pour l’heure, c’est le seul moyen à notre disposition pour nous protéger. Depuis que Boko Haram nous menace directement, les MOD sont devenus indispensables», explique le P. Charles Nyameh, vicaire épiscopal de Jalingo, tout en reconnaissant que son diocèse ne connaît «pas particulièrement de tension confessionnelle dans notre ville».
«Ici, les conflits sont de nature ethnique, poursuit-il. Les Fulanis, les Tivs, les Jukuns s’affrontent pour des questions de partage et de contrôle des terres. Mais le climat d’insécurité dans lequel le Nigeria est plongé nous incite à nous organiser pour protéger nos églises. Les MOD sont pacifiques. Ils sont le premier rempart contre d’éventuelles agressions conduites par des extrémistes venues d’ailleurs.»

Les paroisses assurent leur propre sécurité

Loin des tensions religieuses, plus au centre du pays, dans l’État de Benue, les paroisses assurent aussi leur propre sécurité.
Ainsi à Aliade, une ville en majorité chrétienne à 300 km au sud d’Abuja, une équipe MOD s’est montée il y a quelques mois.
«Ce que nous entendons à la télévision nous conduit à prendre des mesures de sécurité pour notre église. Cela nous rassure, surtout depuis les attentats de Noël», justifie le vicaire provincial des spiritains, P. Emmanuel Agundo, curé de la paroisse Saint-Pierre-et-Saint-Paul de la ville.

Intervenir en cas d’agitation

Les MOD d’Aliade ont une allure bien moins martiale que ceux de Wukari. En guise d’uniforme, ils portent un tee-shirt blanc crème et un pantalon sombre.
Pendant les messes du dimanche, ils se déploient autour de l’église, contrôlent la circulation, les allées et venues. Ils dirigent les voitures vers un parking éloigné de l’église, empêchent les motocyclettes de s’approcher, ouvrent les sacs des fidèles.
Pendant la messe, on les voit aussi déambuler dans les allées, demander aux enfants de bien se tenir, intervenir en cas d’agitation, réveiller ceux qui s’endorment.

Rassurer les fidèles

«Lorsque j’ai entendu un prêtre, il y a quelque mois, parler des MOD à la fin d’une messe, je me suis immédiatement présenté comme volontaire. Nous sommes une brigade d’une trentaine de personnes, garçons et filles», raconte Philippe, 32 ans, l’un des responsables MOD d’Aliade.
«C’est beau de voir nos enfants s’organiser pour nous protéger», constate de son côté le P. Geoffrey Baka, qui vient de célébrer la messe du dimanche sous la protection de ses paroissiens.
La présence de la brigade rassure les fidèles, sans qu’elle sache faire face à une attaque terroriste. «Nous ne sommes pas armés, reconnaît Philippe, mais il ne peut rien nous arriver puisque Dieu est avec nous.»

                                                      LAURENT LARCHER (à WUKARI, JALINGO, ALIADE)