mardi 21 juin 2011

EGLISE ET POLITIQUE

LIVRE DU CARDINAL TUMI :
QUELQUES  CONSTATATIONS
(Voir plus haut, nos deux éditions précédentes sur ce dernier livre du Cardinal)

Le Chapitre 1 « De la nation à la cohabitation pacifique » commence très simplement par deux citations. La première est du Dictionnaire le Petit Robert, sur « qu’est-ce qu’une nation ? »
La 2e est du CDSE ? (Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise) en son N° 385. L’auteur cite ce texte en le reprenant comme un « rêve ». « Je rêve d’un Cameroun qui (là il cite) doit être en réalité, l’unité organique et organisatrice d’un vrai peuple. »
 
Il reprend ainsi cinq des meilleures citations du Compendium sur la nation. Il faut les lire. Mais la surprise pour ce premier chapitre est aussi ailleurs. J’ai voulu noter les articles qu’il donne en ces premières pages de ce fameux Compendium de la Doctrine Sociale. Visiblement, il souhaite que les chrétiens travaillent ces textes. J’énumère ; les numéros retenus sont 385, 386, 412, 413, 417. Le nombre des citations de ce Compendium est de 17 sur ce premier chapitre qui compte à peine 5 pages. Pas inutile d’ajouter qu’est cité aussi l’encyclique « Centesimus annus », et… Vaclav Havel, ce président incroyant de la République Tchèque qui recevait Jean Paul II à Prague, en lui disant : « Je ne sais pas si c’est un miracle, mais je sais qu’il y a peu de jours, j’étais encore en prison, et qu’aujourd’hui, je vous reçois, comme Président de mon pays. » 

L’importance de l’éducation à la politique
 
Nous notons une certaine difficulté chez les adultes, paroissiens de nos églises, à vivre la vie du Christ dans le concret. Le Bien commun n’est pas un souci ordinaire. On compte sur « les autorités » pour arranger un chemin, faire venir l’eau dans le quartier.
Par contre, des associations présentes à la dédicace du livre ont fait savoir qu’elles étaient heureuses de découvrir que leurs actions s’inscrivaient dans cette perspective de la Pensée sociale de l’Eglise. Jamais personne ne  leur en avait parlé.
Cette intervention m’a rappelé le passage de Benoît XVI au Centre des Bernardins à Paris. Le directeur d’un des plus prestigieux théâtres de Paris, l’Odéon, commentait, en substance, en sortant de cette rencontre : « Jamais on ne m’a dit que lorsque je travaille à de beaux spectacles et à de la belle musique, j’accomplis une tâche qui touche à celle de Dieu. C’est enthousiasmant de le savoir… »
C’est, en quelque sorte un nouveau catéchisme d’adultes que le Cardinal Tumi vient de rédiger pour les chrétiens de son pays. Ta foi doit se noter dans ta vie. Ton action doit se voir dans le social, l’économique et le politique. La politique est aussi un chemin vers Dieu. Tu peux témoigner de ta foi. Une loi qui facilite des salaires normaux pour tous est un acte de charité qu’aucune association ne peut réaliser avec une telle ampleur, pour tous les habitants d’un pays. Salésiens, il est clair que notre mission s’y retrouve. Le Père Grégoire Kifuayi nous rappelait l’autre jour cette rencontre avec le pasteur Ka Mana, qui parlait de la 3e voie pour en sortir, en politique, dans les pays africains, celle de l’éducation. Il constatait les difficultés de la politique en Afrique. Il y a la voie des élections. Sauf rares exceptions, personne ne peut plus y croire. Il y a trop de falsifications. Le deuxième choix, celui du coup de force, se révèle aussi constamment comme un échec : abus de pouvoir, dictatures, guerre civile,  écrasements des plus petits. « Il reste, disait-il, une troisième voie, plus longue. Il faut la tenter. C’est celle de l’éducation. Apprendre à des enfants à gérer le Bien commun, à respecter l’autre, à dialoguer. Il faudra du temps, mais demain, ils comprendront autrement. »  
Encore faut-il que, comme séminaristes, dès nos prochains camps de vacances, nous sachions éveiller les jeunes au Bien Commun. Il faut commencer tout de suite. Dans dix ou quinze ans, ils sauront pourquoi ils votent, et ils sauront parler.

(Ce texte a alimenté le mot du soir du mercredi 8 juin 2011,
prononcé par le Père Jean Baptiste Beraud,  
au Centre théologique St Augustin, dirigé par les salésiens de Don Bosco)

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