jeudi 16 juin 2011

Chassés comme du bétail, les immigrés

Pour une mine d’or, 
le Gabon chasse des centaines d’immigrés. 
Quatre morts

Les 6000 personnes installées au campement d’exploitation d’or de Minkebe (Gabon), à 200 km de la frontière camerounaise ont reçu un ultimatum de libérer les lieux dans les 72 heures à partir du 31 mai 2011 : « Le gouvernement gabonais a décidé de moderniser l’exploitation en la confiant aux investisseurs occidentaux et américains ». Avant que les 72 heures de délai soient achevées, les fameux « bérets rouges » sautent des hélicoptères et les coups pleuvent sur les pauvres hères, encerclés comme dans une souricière. Les gardes frontaliers du Cameroun recenseront l’arrivée de 2292 réfugiés. Ils  estiment à environ 600 ceux qui auraient passé clandestinement à travers la forêt. Parmi ceux qui ont pu être attendus, on trouve 1517 camerounais, 362 nigériens, 269 maliens, 80 burkinabés. Il y a aussi des béninois, centrafricains, ghanéens, guinéens, ivoiriens, sénégalais, tchadiens.  La tragédie des peuples !
M. le sous –préfet de Djoum, la petite ville frontière où ces rescapés ont été accueillis au Cameroun, fait état de deux morts : un jeune homme de 30 ans, Laurent Menyengue, assassiné  avec un dessin taillé au couteau dans le dos, la carte géographique du Cameroun. Expression de la haine et de la sauvagerie qui ressurgit dans ces bandes armées, redevenus« bêtes humaines » !  L’autre décès, un bébé né en pleine forêt. Par ailleurs, les réfugiés ont expliqué que deux de leurs camarades sont morts, victimes des bastonnades reçues au Gabon, ou durant la marche à la suite des fatigues : un nigérien a été emporté par un fleuve et un malien abandonné en chemin.
« Va vers le pays que je te montrerai !», dit Dieu à Abraham (Gn 12, 1)…  A cette cadence, en Europe ou en Afrique, il n’y aura bientôt plus de « pays à montrer » où tu peux aller. La soif d’argent, ici et là-bas, ne laisse plus aucun gouvernement voir au moins la possibilité de protéger les vies humaines. Et pourtant, ils ont été élus pour cela. Serait-ce une raison pour demander des « élections transparentes » ?
          
Ils sont tchadiens. Demain, qui leur ouvrira des frontières, pour trouver du travail
Ph Rigobert Fumtchum
  JB Beraud, sdb, d’après Mutations, quotidien camerounais, du lundi 13 juin 2011

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