vendredi 1 juillet 2011

EN MARGE D'UNE ORDINATION SACERDOTALE

DES SOUVENIRS A PARTAGER

Notre ordination et notre première messe le lendemain s’est déroulée totalement en latin. Même si nous faisions beaucoup d’efforts pour donner les textes en français dans les messes de jeunes de nos internats, nous n’imaginions pas que cela puisse changer. Nous parlions à Dieu et de Dieu en latin.
1949 : la deuxième guerre mondiale s’est terminé cinq ans avant, en 1944. Parmi nous, eux aussi comme élèves théologiens, six ou sept salésiens qui ont été mobilisés en 1939, envoyés au front et faits prisonniers par les allemands. Ils sont restés cinq ans dans des camps de prisonniers en Allemagne. Parmi eux, Lucien Yhuel que l’un ou l’autre d’entre vous a pu connaître à Brazzaville. Tous ces salésiens anciens prisonniers de guerre, seront ordonnés plusieurs mois avant nous. La Congrégation veillait à les encourager.
            La situation de notre pays était déjà au point de vue religieux en pleine situation de recul de l’Eglise. Un prêtre de Paris, le Père Henri Godin venait de publier « France, pays de mission ». Et nous étions tous très attentifs à tout ce qui pouvait rechristianiser ces foules qui s’éloignaient. Nos professeurs nous ont transmis  leur amour de l’Eglise et de la Congrégation. Tandis que nous étions dans nos études, à quelques centaines de mètres de là, chez les jésuites de Fourvière, le Père de Lubac travaillait ses publications. Il faisait paraître  le Drame de l’Humanisme athée. Nous nous arrachions les exemplaires. Notre professeur de Dogme, le Père Chardin, salésien, avait été demandé par De Lubac lui-même pour être Professeur à l’Université catholique.  La congrégation avait hésité, et nous avons bénéficié de sa clarté et de son enseignement. Le Père André Barucq, dont le nom est resté dans la Bible de Jérusalem, pour la présentation des livres de Esther et de Judith, était à cette époque l’un des quatre grands égyptologues français. Nous avons bénéficié deux ou trois fois de la présence de ces chercheurs qui venaient travailler avec lui dans notre maison. Le Père nous a fait aimer l’Ecriture Sainte.
Le Père Joseph Aubry est arrivé tandis que nous étions à terminer la première année si je me souviens bien. Ces hommes et quelques autres nous ont donné un profond amour pour le Christ, pour l’Eglise et pour la Société de St François de Sales. Personnellement, j’ai gardé l’impression d’avoir été accompagné par eux pour les premiers pas de mon ministère au milieu des jeunes apprentis, travailleurs et travailleuses de nos quartiers populaires de Toulouse. J’y ai vécu dans l’amour du Christ rencontré au jour le jour dans des quartiers assez oubliés. Cette première étape si enthousiasmante a duré pour moi 14 années complètes. On m’a envoyé alors ouvrir une paroisse salésienne à Lyon. J’y rencontrais le Cardinal Villot qui me disait : « Nous comptons sur vous, et votre équipe, pour faire grandir l’Action Catholique des jeunes et des adultes ». L’Eglise de Jésus –Christ qui allait  demander un peu plus tard, le Cardinal, comme Secrétaire d’Etat, avait le grand souci de former des laïcs.
J’ai regardé une image qui m’accompagne dans mon missel, celle de nos 50 ans de sacerdoce. C’était en 1999, sur Lyon. Nous étions invités, diocésains et religieux. L’image rappelle qu’à la date de notre ordination, en juin 1949, 57 séminaristes du diocèse devenaient prêtres eux aussi. Depuis, les chiffres ont sensiblement baissé, mais c’est la même Eglise du Christ qui poursuit son chemin. Avec le même amour de Don Bosco, nous sommes invités à aimer de toutes nos forces l’Eglise du Christ, notre Eglise.
                                            Jean Baptiste Beraud, sdb

Ce texte est le "mot du soir " du mercredi 29 juin, 
prononcé au Centre Théologique St Augustin

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