jeudi 28 juillet 2011

EGLISE


CAMEROUN 
LETTRE PASTORALE 
DES ÉVÊQUES
"en cette année 2011 
où le peuple camerounais
sera convoqué aux urnes
pour l'élection 
du Président de la République" 



A tous les fidèles et
à tous les hommes
et femmes de bonne volonté

 Bien-aimés de Dieu,
Que la Paix du Seigneur soit avec vous !

Notre mission pastorale d’Evêques du Cameroun nous a conduits, par le passé, à nous adresser à vous, Peuples de Dieu, hommes et femmes de bonne volonté, pour le bien être des citoyens et l’intérêt de notre Nation, chaque fois que notre pays s’est trouvé à un tournant décisif de son histoire

·         En 1955, déjà, les Vicaires Apostoliques avaient adressé une lettre aux fidèles du Christ sur la situation  politique d’alors.
·         En 1959, les Evêques ont écrit aux citoyens au sujet de l’indépendance du Cameroun.
·         En 1988, nous vous avons écrit une Lettre pastorale sur l’engagement des laïcs dans la vie de la Nation. Nous vous rappelions que « l’activité politique bien menée est une forme concrète et élevée de la justice et de la charité (n°10) ». Pour elle, les fidèles laïcs doivent s’engager par amour pour Dieu et par amour pour les hommes, dans un esprit de service et de générosité pour le bien de tous. En effet, «  la démocratie authentique, dans le respect du pluralisme est une des routes principales sur lesquelles l’Eglise chemine avec le peuple… Le laïc chrétien engagé dans les luttes démocratiques selon l’esprit de l’Evangile, est le signe d’une Eglise qui se veut présente à la construction d’un Etat de droit ». (Ecclésia in Africa, n°112).
·         En 1990, la Lettre Pastorale des Evêques du Cameroun sur la crise économique dont souffre le pays vous a exhortés à vous mobiliser contre la crise, par le travail, la solidarité et la réconciliation.
·         En 2004, la Lettre des Evêques du Cameroun à tous les fidèles et à tous les citoyens de bonne volonté sur le «  Droit et le devoir de vote » vous a interpellés sur la nécessité de l’implication de tous les citoyens aux élections comme il convient dans une démocratie.
·         Fidèles à cette mission de l’Eglise, Mère et Educatrice, et conscients de notre responsabilité pastorale dans la vie de la Nation, nous nous adressons une fois de plus à vous, en cette année 2011 où le peuple camerounais sera convoqué aux urnes pour l’élection du Président de la République.

2.      La Prochaine élection s’inscrit dans la tradition de démocratie où le Cameroun s’est engagé depuis deux décennies.

·         Nous nous réjouissons que cette élection, si déterminante pour l’avenir de notre pays, s’intègre providentiellement dans le contexte de la célébration du double cinquantenaire de l’Indépendance et de la Réunification du Cameroun.
·         En effet, ces évènements historiques font valoir, aux yeux de tous, la nécessité du patriotisme des citoyens, de leur civisme responsable et de leur volonté commune de construire une grande nation. Ils font valoir également l’histoire d’un pays qui, nonobstant les difficultés rencontrées, la jeunesse de ses institutions et les maux qui les minent (corruption, pauvreté, chômage, tribalisme, tracasseries administratives…), a su bâtir les valeurs de la paix, du développement et de l’unité sans cesse recherchées.
·         Dans ce contexte, cette élection interpelle plus que par le passé la maturité civique de tous les Camerounais.

3.      Pour que le processus électoral en cours soit mené à bien, il est de notre devoir de porter à votre conscience quelques réflexions sur l’avenir de notre pays et sur le vote du citoyen.

·         Oui ! l’avenir du Cameroun est entre nos mains. Le Cameroun sera ce que nous en aurons fait, si nous ne cédons pas à l’effet de mode en l’exposant aux ingérences extérieures. Ce qui se passe autour de nous nous interpelle. Nous assumons donc tous, en tant que citoyens, la lourde responsabilité de consolider les acquis des cinquante ans de notre histoire et de réussir l’entrée de notre pays au 1er siècle du 3ème millénaire. Des valeurs fondamentales qui font la grandeur des nations s’imposent donc à nous :
-          la dignité de chaque être humain qui comporte le respect scrupuleux des droits de l’homme, celui de la femme, de l’enfant, du mariage entre un homme et une femme, et le respect de la sacralité de la vie humaine dès sa conception jusqu’à son terme naturel ;
-          le respect du bien commun pour une juste répartition des subsides publics et pour un engagement des citoyens à la sécurisation  du patrimoine national : qu’aucun Camerounais ne se sente exclu des retombées de la croissance ;
-          une économie solidaire portée par un environnement propice à la création des entreprises, à l’abri des tracasseries administratives et soutenue par des offres de crédits en faveur des entrepreneurs, surtout les jeunes ;
-          le respect des biens publics qui devrait se concrétiser chez nous par le remboursement des fonds publics par ceux qui ont été reconnus coupables de détournements. Dans ce cas, une amnistie pourrait leur être accordée ; une justice diligente est donc vivement recommandée. « Nous invitons les autorités nationales à assurer la sécurité des biens publics et à recouvrer les fonds détournés pour les réinvestir dans les projets de développement et dans la lutte contre la pauvreté en cours dans notre pays (Déclaration des Evêques, Rome 20 mars 2006)
-          Un développement intégral pour améliorer la croissance et les investissements, pour créer des emplois, lutter contre la pauvreté dans toutes ses ramifications, mobiliser et conjuguer les efforts de tous pour plus de bien-être, plus de gestion honnête des deniers publics et plus de création des richesses ;
-          la sécurité sociale et les soins de santé à des coûts accessibles à tous les citoyens ;
-          l’unité nationale dans la diversité pour construire dans la complémentarité et l’ouverture de toutes les composantes sociales entre elles, dans l’adhésion des tribus et ethnies à cette nouvelle famille qu’est la Nation et dans la promotion de la solidarité sociale nationale, comme résultante de la parenté citoyenne ;
-          la promotion d’une identité culturelle intégrée qui harmonise les richesses de la tradition et de la modernité, en vue des innovations et des améliorations propres à notre peuple ;
-          la foi en Dieu qui, portée par une liberté religieuse authentique, est le socle d’une Nation au service de l’homme ; car un pays religieusement déstabilisé se bâtit sur la fragilité « Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain peinent les bâtisseurs »Ps.127, 1.
-          la démocratie, qui est la voie optimale de la participation du peuple à la vie de la Nation, le cadre propice à l’expression et à l’autonomie des partis politiques et des corps intermédiaires et le garant des libertés publiques. Le peuple, dans sa majorité, choisit ses dirigeants.
-          Tous ces repères peuvent contribuer à éclairer notre vote pour la prochaine élection présidentielle

NDLR : Nous vous offrons ici la première partie 
de la Lettre Pastorale des Evêques du Cameroun,
datée du 30 mai 2011. 
Demain, nous publions la deuxième partie.

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