lundi 16 janvier 2012

REVUE DE PRESSE

L’EGLISE CONGOLAISE
RECLAME UN DIALOGUE POLITIQUE

Les évêques de République démocratique du Congo 
dénoncent de graves irrégularités lors des élections du 28 
novembre.
Ils préparent une marche pacifique des chrétiens pour 
appeler au dialogue.

On la disait divisée. Elle s’est montrée unie. La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) s’est réunie en Assemblée plénière extraordinaire pour analyser le rapport électoral de l’Église catholique, qui avait déployé 30 000 observateurs pour l’élection présidentielle et les élections législatives du 28 novembre dernier. En est ressortie la déclaration « Le courage de la vérité », adressée à « l’ensemble du peuple congolais ».
L’abbé Léonard Santedi, secrétaire général de la Cenco, l’a lue jeudi 12 janvier lors d’une messe à la cathédrale Notre-Dame, dans la capitale Kinshasa. L’édifice était bondé de fidèles qui ont chaleureusement accueilli les prélats – dont le cardinal et archevêque de Kinshasa, Laurent Monsengwo Pasinya, mis en cause par le pouvoir pour avoir déclaré que les résultats des élections « ne sont conformes ni à la vérité ni à la justice ».

RÉSULTATS CONTESTÉS


« Il ressort du rapport final (…) et des témoignages recueillis de divers diocèses et d’autres sources, que le processus électoral s’est déroulé, à beaucoup d’endroits, dans un climat chaotique, indique la déclaration des évêques. L’on a noté plusieurs défaillances, des cas de tricheries avérées et vraisemblablement planifiées, de nombreux incidents malheureux entraînant mort d’homme, des cafouillages, et, à certains endroits, un climat de terreur entretenu et exploité à dessein pour bourrer les urnes. »
Le texte conclut que « le processus électoral a été entaché de graves irrégularités qui remettent en question la crédibilité des résultats publiés ». Pour l’heure, les seuls résultats officiels sont ceux du scrutin présidentiel : le chef de l’État sortant Joseph Kabila – qui a reconnu des irrégularités dénoncées par plusieurs pays et observateurs nationaux et étrangers – a été proclamé vainqueur (48,95 %), devant l’opposant Étienne Tshisekedi (32,33 %), qui s’est autoproclamé « président élu ».
La Cenco enjoint les acteurs politiques au dialogue et avertit que si l’on prenait « le risque de continuer à gouverner le pays par défi, les tensions intérieures plus ou moins maîtrisées à court terme culmineraient, tôt ou tard, dans une crise grave et difficile à dénouer ». 
Et alors que le cardinal Monsengwo, tout juste nommé aux Conseils pontificaux pour la culture et pour les communications sociales, est accusé par certains d’être partisan de Tshisekedi, la Conférence précise : « Nous ne plaidons pas (…) pour un parti politique. »

APPEL À LA RÉCONCILIATION


« Même s’il n’a pas cité le nom, tout le monde est au courant que c’est Étienne Tshisekedi qui a gagné », tranche Noella, une fidèle. « Si réellement les irrégularités dénoncées amènent à un changement quelconque, d’emblée, je dis non ! », riposte Jean-Jacques, venu vérifier que l’Église appelait bien « à une réconciliation, à une paix durable, contrairement à une branche de l’Église à Kinshasa ».
La Cenco a qualifié la compilation en cours des résultats des élections législatives d’« inacceptable », avant d’exhorter la Commission électorale (Céni) à « corriger impérativement les erreurs graves (…) sinon démissionner ». 
Au lendemain de cette prise de position, la Céni a reporté la proclamation des résultats provisoires complets, qui était prévue vendredi, afin de « garantir la transparence et la crédibilité des opérations de compilation ». Elle a annoncé qu’en « cas de contestation et de réclamation », un « recomptage » serait opéré.
Prochaine étape pour l’Église, une « marche pacifique » des chrétiens (80 % des 67 millions de Congolais) organisée le 16 février par l’archevêché de Kinshasa pour « réclamer la légitimité et la légalité du pouvoir ». Le même jour, vingt ans plus tôt, à l’époque du dictateur Mobutu, plusieurs personnes avaient été tuées dans la répression d’une « marche des chrétiens » revendiquant plus de démocratie. 
Habibou Bangré, à Kinshasa (Dans La Croix)

LE REGARD DE "mondeaconstruire"
           
            En quelques heures, la Déclaration très claire de la Conférence épiscopale congolaise, a attiré l'attention du monde sur les Eglises d'Afrique. Chacun sait confusément comment elles sont plus ou moins freinées ou contrariées par des pouvoirs qui se croient "envoyés" pour les contrôler. D'autres perçoivent aussi une "soumission plus ou moins intéressée" des Pasteurs envers tel ou tel Chef d'Etat. Nombre de situations sont pour le moins "délicates". 
            Il faut saluer l'effort d'une Eglise qui se rassemble et se refuse  à accepter la mise en place organisée de l'injustice. Il faut relire les messages de Benoît XVI il y a quelques jours, au coeur de ce continent. Tout autant que les plus humbles citoyens, les Responsables des Nations ont droit, eux aussi,  de découvrir leur propre vocation au service de la Justice et de la Paix.



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