Michael Lonsdale, qui a participé au tournage du film « Des hommes et des dieux » ( 2010) répond ainsi à un journaliste qui l’interroge sur ces évènements : « Les moines de Tibhirine étaient complètement intégrés à la population. Ils cultivaient la terre, élevaient des brebis, entretenaient des ruches…Les paysans avec lesquels ils travaillaient, qu’ils soignaient, étaient comme des frères qu’ils ne voulaient pas abandonner. La décennie 1990, ce sont des années noires en Algérie. Des bandes armées entrent dans les villages et massacrent sans distinction les vieillards, les femmes, les enfants… Beaucoup de religieux catholiques, des Pères Blancs, des sœurs, l’évêque d’Oran sont assassinés également. Après le meurtre de travailleurs croates près de leur monastère, les moines de Tibhirine ont peur d’être tués à leur tour. Alors ils tiennent un chapitre, c’est-à-dire une réunion plénière pour savoir qui veut rester, qui veut partir. Ils étaient sept, avec le supérieur, Christian de Chergé…Lorsque celui-ci les interroge, trois penchent d’un côté, trois de l’autre. Christian les a tous vus ensuite individuellement, pour parler longuement avec eux de leurs motivations, de l’avenir…Puis, à la deuxième réunion tous ont dit vouloir rester à Tibhirine. »
Michael Lonsdale a voulu retrouver dans le détail ce qu’il doit représenter à l’écran. Il tient à ajouter ces précisions, lui qui devait « être » dans le film Frère Luc. Il l’a connu en interrogeant longuement les trappistes de Tamié, au-dessus d’Albertville, en pleines montagnes de la Savoie française. Il livre au journaliste : « Frère Luc était frère convers, c’est-à-dire qu’il était religieux, mais pas prêtre. Il ne disait pas la messe… Sur sa robe blanche, il portait un vieux pull et sur la tête un éternel bonnet. C’était un médecin : il soignait de l’aube à la nuit. Parfois 150 personnes par jour. Il recevait tout le monde, les villageois, mai aussi les rebelles, lorsqu’on lui en amenait. Il parlait bien arabe. Quand il y avait un problème dans la famille, on venait le consulter. Lorsque le supérieur lui demande quel est son choix, il répond : « Je reste, j’ai trop à faire ici, et puis où irais-je ? »
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