samedi 16 avril 2011

La Peur des Droits de l'Homme

LE FESTIVAL INTERDIT

Elles sont restées stupéfaites, les jeunes employées et volontaires du  CCF, Centre Culturel Français de Yaoundé ! En plein centre-ville, face à a la majestueuse cathédrale Notre Dame des Victoires, le CCF est certainement un des lieux  reconnus par une des plus larges majorités de la capitale camerounaise, comme un lieu d’échanges constructifs et de partage d’idées. Un des rares espaces de réflexion et de dialogue pour une véritable culture humaniste, qui subsiste encore dans une vaste métropole où toute salle de cinéma a été peu à peu réduite à disparaître. On ne compte plus dans les programmes de cet établissement, le nombre de jeunes artistes accourus de toutes les régions africaines pour présenter danses, chansons, orchestres, théâtre classique, ou spectacles de quartier. Remarquablement organisée, la Bibliothèque constamment alimentée de nouveaux livres, et renouvelée chaque jour dans sa section « journaux et revues », attire nombre de jeunes à toutes ses heures d’ouverture.
Les « ouvreuses » du CCF « François Villon » sont habituées à accueillir cordialement toute demande pour un spectacle ou autre renseignement. Et, pourtant, quand je me présente ce mercredi matin 13 avril, et que je demande tracts et billets pour le « Festival International  du Film sur les Droits de l’Homme », c’est une  jeune femme attristée, qui me répond : « Mon Père, vous êtes déjà le 30e à qui je dois répondre que le Festival est annulé ! ». Je suis d’autant plus surpris qu’une conférence de presse a été très appréciée hier sur ce sujet.
Le lendemain, jeudi 14 avril, un titre  du « Messager » attire de suite mon attention sur les panneaux du kiosque : « Le Préfet du Mfoudi interdit un Festival de films sur les droits de l’Homme à Yaoundé ». Journaliste amie, Nadine rapporte ce « qu’elle a vu et entendu », comme dans les Actes des Apôtres (4, 20). Les organisateurs ne cachent pas leur déception. Les motifs invoqués par le Préfet ne paraissent pas très convaincants. Soit disant, un des films « pourrait donner de mauvaises idées à certains jeunes » ! Est-ce vraiment sérieux ? Etude faite, le film en question de Tania Rakhmanova date déjà de 2006. Son texte de présentation raconte simplement : «… Le film raconte sans angélisme et sans amplifications la façon dont la démocratie s’est propagée pacifiquement à l’est de l’Europe. »
Il n’est pas nécessaire d’être grand clerc pour comprendre que les quelques dizaines de jeunes cinéphiles qui se faisaient une joie de participer à ce Festival, digne précisément de toute organisation respectueuse de l’homme, chercheront un peu plus à savoir quelles sont donc les véritables inquiétudes  de telles autorités qui en arrivent à des refus de ce genre. Il n’est pas sûr que des procédés de ce type soient les plus éducatifs !

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