mardi 19 avril 2011

FILMS INTERDITS

 INTERDIT LE FESTIVAL INTERNATIONAL 
 DE FILMS DES DROITS DE L'HOMME


         Chaque jour, on en sait un peu plus  sur le Festival du film interdit, ce 12 avril 2011,  par M. le Préfet du Mfoundi, en pleine zone de Yaoundé, au Cameroun.
         « Trente minutes avant la première projection, se souvient Nadège, ils sont venus brusquement interdire le film, et les employées du CCF (Centre Culturel Français) apeurées devant un groupe de militaires, plient en vitesse tracts, billets et autre matériel ».
         On imagine déjà facilement la panique des spectateurs qui arrivent,  l’étonnement des petits vendeurs du trottoir, et le regard interrogateur des gamins de la rue, toujours nombreux en cet endroit…La scène est déjà révélatrice d’un système qui ne calcule pas trop ses réactions. Mais il y a encore bien plus. Vincent Mercier, directeur du Festival, est encore sous le choc de ce qu’il a vu devant une des salles : « Deux cars anti-émeutes sont intervenus au « petit terrain de Bénoué Bar », dans le quartier d’Ellig-Edzoa où devait se tenir la première d’une série de 17 projections publiques ». La population de Yaoundé a eu le temps de connaître ces camions citernes qui projettent des tonnes d’eau sale sur les gens. Elle a appris aussi à courir dans les rues, lorsque des camions chargés de  « gros bras », récupérés pour quelques pièces de monnaie, viennent déverser leur cargaison sur des groupes tranquilles de vendeuses et de vendeurs, pour leur arracher sans ménagement leur « misérable gagne-pain ». Tous se souviennent que, même Radio Vatican a voulu révéler deux jours avant l’arrivée de Benoît XVI au Cameroun les difficultés des vendeurs de rue pour leur survie, sous ces multiples interventions musclées.
         Une déclaration commune des organisateurs de cette  manifestation cinématographique,  apporte aujourd’hui nombre de précisions, dans une bonne partie de la presse camerounaise.
         Un premier point, la soit-disant absence de déclarations  officielles des trois associations organisatrices est une pure invention des autorités.
         L’Association Kofi Annan est reconnue depuis le 3 mars 2005 par la ville de Bafoussam. L’Association Espace Lumière depuis le 18 juillet 2000 à Yaoundé. Et l’Alliance Ciné est une association française loi 1901, déclarée le 8 août 2000 à la sous –préfecture de St Germain.
         Le deuxième reproche adressé aux organisateurs est l’absence de déclarations de réunion publique. On croit rêver. Les récépissés de ces démarches portent le premier la date du 21 mars 2011, le deuxième celle du 7 avril 2011. Le troisième « qui devait nous être délivré le 12 avril à Yaoundé  a été annulé par l’arrêté préfectoral ».
         Une troisième entrave au projet serait « l’absence de visas pour l’ensemble des films ». Ici, il est difficile de mentir plus catégoriquement ! « La demande d‘autorisation, déclarent les organisateurs,  a été introduite pour l’ensemble des films le 22 février 2011, au nom du collectif formé par les trois associations…Elle porte la référence N° 2052. Elle inclut tous les films prévus, dont le film « Révolutions, mode d’emploi »… L’autorisation a été délivrée le 9 mars 2011…Dans un autre document,  le Ministère de la Culture invoque le fait que la demande des visas a été faite au nom d’un seul des organisateurs…Cette assertion est totalement fausse comme l’atteste la copie de la demande que nous tenons à disposition de la presse… ». On comprend qu’il soit difficile d’accepter les affirmations de telles autorités.
         Cependant, il reste un autre obstacle, dénoncé par ce qu’il faut bien appeler « les forces de l’ordre ». Il s’agit de « menaces à l’ordre public ». Arrivés à ce point, le Festival est « supprimé ». Et l’argument, asséné par « ceux qui commandent » est le seul qui est le vrai motif de l’interdiction, puisque personne ne peut leur répondre.  Mais il reste que toute personne de bon sens peut s’interroger : « Quelles menaces y avait-il ? Où étaient –elles ? ». L’Histoire note déjà qu’en 2011,  un Festival International sur les Droits de l’Homme n’a pas pu se réaliser au Cameroun. Dommage ! La culture n’est jamais de trop dans un pays ! Et le respect des Droits de l’Homme est  la plus haute marque de toute civilisation.


        
        


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