C’était au cours d’une « Rencontre œcuménique »dans les années « 80 ». Elle avait lieu à Graz, en Autriche. Je m’y trouvais, invité avec les journalistes de l’AJIR (Association des Journalistes d’information religieuse) de France
De hautes personnalités chrétiennes avaient fait le déplacement. Il y avait là le Patriarche Alexis de Moscou, Bartholomeos de Constantinople, de nombreux représentants d’Eglises diverses. Plusieurs cardinaux étaient venus dont Roger Etchegarray.
L’Italie avait envoyé plusieurs représentants. Le cardinal Ruini, Président de la Conférence épiscopale était là avec d’autres évêques.
Etre vaudois aujourd’hui
Le Président national des Vaudois prenait part aussi aux débats. En présentant son Eglise à l’assemblée, il avait déclaré : « Nous sommes un tout petit groupe de chrétiens vaudois en Italie, environ 60 000, mais le Cardinal Ruini avec qui nous sommes amis, se trouve, lui, à la tête de plus de 50 millions de catholiques. Nous sommes, dans nos dialogues, comme la puce devant l’éléphant ». Sous les applaudissements et les rires de l’assemblée, il avait conclu sur le sérieux des travaux que leur groupe entretient régulièrement dans ses recherches avec l’Eglise de Rome.
C’était ma première rencontre avec des chrétiens vaudois, et je me souvenais de Don Bosco pourfendant ces groupes, avec toute la vigueur de ses «Lectures catholiques » afin de leur barrer la route . Quelques instants plus tard, je me retrouve avec ce monsieur, « chef » des Vaudois. La conversation s’engage. Je lui dis : « Je suis salésien de Don Bosco. Si mon fondateur était là, il serait sans doute dur avec vous. » Il sourit et me répond. « Je connais bien l’histoire des réactions de Don Bosco envers nous. Mais savez-vous qu’aujourd’hui, grâce à l’effort de l’Eglise Catholique, des prêtres théologiens sont détachés pour que nous ayons régulièrement des réunions avec eux afin de faire avancer ce dialogue que nous souhaitons tous. Savez-vous qui a nommé Jean Paul II pour ce travail théologique avec nous. Il a demandé ce service à deux théologiens salésiens. Nous sommes très liés d’amitié avec eux, et je suis souvent chez Don Bosco. »
Pape des arméniens, le Catholicos
L’autre rencontre dont j’ai gardé le souvenir est celle du Catholicos des arméniens. Un homme débordant de joie et très pieux. Un soir, il nous parle de Jean Paul II. Il dit son admiration pour ce Pape des catholiques, lui qu’on nomme aussi le Pape des chrétiens orthodoxes de l’Eglise arménienne. Quand il eut fini son texte sur sa manière de voir l’unité de l’Eglise et son enthousiasme pour Jean Paul II, il y eut beaucoup de questions. Ses réponses étaient toujours riches théologiquement. La soirée se termine. Nous restons avec lui quelques journalistes. Et je lui demande : « On sent à vous écouter que vous aimez profondément Jean Paul II. Qu’est ce qui vous empêche encore de rejoindre l’Eglise catholique ? » Alors, avec un grand sourire : « Tu comprends, nous l’aimons bien, Jean Paul II, mais nous ne voulons personne au-dessus de nous … »
Quelques minutes plus tard, je croise le Cardinal Etchegarray. Je lui raconte ce détail. Je l’entends encore : « Vous voyez ! On en reste là ! Le Catholicos vient tous les ans au Vatican. Nous célébrons ensemble. Nous prenons des repas ensemble. Nous sommes amis. Mais au moment de prendre une décision, on en reste là… Il faut prier… »
Cet homme jeune, président des Vaudois, et ce vénéré Catholicos déjà âgé, étaient venus tous deux à Graz rencontrer leurs Frères en jésus Christ. Leur témoignage était un signe pour les croyants de leurs Eglises. Les échanges constants du premier avec les salésiens, et le pèlerinage annuel du second au Vatican sont sans doute de touts petits pas. Ils sont certainement aussi les pas qu’il faut, sans cesse, recommencer, pour avancer sur ce long et exigeant chemin de l’Unité.
Jean Baptiste Beraud
Mot soir Unité (mercredi 19 janvier 2011)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire