Appelons le Michel. Il est séminariste religieux camerounais. Il a 29 ans. Le supérieur de sa congrégation l’envoie missionnaire en Europe. Destination : Vienne en Autriche. Premières démarches : prévoir les visas. Pas d’ambassade d’Autriche au Cameroun. La plus proche est dans le pays voisin à l’ouest, le Nigéria. Une deuxième est au Kénya et il y en a encore une troisième. C’est tout, pour le continent noir. Michel part au Nigéria. Démarches et re-démarches. Attentes et promesses à répétition. Finalement le visa arrive. Il est limité à 45 jours. Prenons-le. Peut-être, les choses s’arrangeront en Europe. Notre jeune missionnaire africain, premier à partir ainsi de sa Province religieuse arrive dans son nouveau pays. Accueil sympathique des confrères autrichiens. Joie des enfants et des jeunes d’un nouvel ami venu de si loin. Dans Vienne « l’élégante et la distinguée », Michel apprend l’allemand. Pendant ce temps, l’archevêque et le nonce apostolique multiplient les démarches auprès du gouvernement. Aucune visite ne réussit à faire changer « la procédure ». Et les 45 jours terminés, Michel revient au Cameroun. Il repartira bientôt au Nigeria. Les démarches recommenceront. Dans nos pays dits « développés », on continuera à refaire des murs que l’on croyait à jamais détruits. On multipliera les barrières et les tracasseries. La femme et l’homme seront encore traités avec mépris, au nom de ce que l’on nommera la « civilisation avancée ». Michel est passé hier nous saluer. Il a gardé son sourire. Il recommence déjà les démarches. Il est de plus en plus clair que la mission en Europe passe aussi par l’évangélisation de ses dirigeants.
Yaoundé ( Cameroun), vendredi 21 janvier 2011 Pierre JARRET
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