vendredi 30 décembre 2011

POLITIQUE

JUSTICE CAMEROUNAISE : 
LE GÂCHIS

               La présidence du Cameroun a peur visiblement de son peuple, le plus calme et le plus docile soi-il...

            Ce qui vient de se passer ce jeudi matin 29 décembre 2011, en est une nouvelle preuve.
            A 11h 00, annoncée par la presse largement depuis des heures, la dédicace d’un livre doit avoir lieu au tribunal. Evénement assez peu ordinaire pour qu’il soit couru, d’autant plus que l’auteur du livre est en prison depuis 14 ans dans les geôles de l’Etat, et que l’on ne trouve aucune accusation pour justifier une telle situation.
            En fait, ce matin, à 11h 00, nous voici en avance à ce rendez-vous de « justice », ouvert à tous. Des gens très simples, pleins de bonne volonté, nous indiqueront volontiers les escaliers à prendre et les méandres à suivre pour trouver la salle qui est réservée à cet événement littéraire. Une jeune femme, qui a visiblement une autre tâche à accomplir, prend le temps de nous conduire face à la porte d’accueil.  Nous  l’en remercions vivement.
            A l’entrée, un militaire et un civil. Aucun des deux ne sait ce qui va se passer ici. Pas de réponse. Ils nous laissent entrer. Une dame, secrétaire à « la Justice », nous assure que c’est bien là. Nous attendons. Quelques personnes entrent. A midi, il y a bien une trentaine de chaises occupées. Et, surtout, un ballet féminin et masculin de personnel de la « Justice » a réussi à présenter devant nous, comme « en lever de rideau », un tourbillon de gens en robes noires, surchargés de documents qu’ils feuillettent avec avidité et dont ils semblent discuter entre eux la valeur. Devant nous, ils changent de place, vont causer à l’un ou à l’autre, paraissent se plonger dans l’étude d’un dossier.
            A 13h 00, la salle s’est encore remplie un peu plus. Je me risque à demander à ma voisine : « Vous ne pensez pas qu’ils vont annuler cette audience ! » « Oh non ! Père. Ils vont arriver ! »
            A 13h 15, en effet, une clochette annonce une entrée solennelle. En toges rouges magnifiques, arrivent M. le Procureur, et ses deux acolytes. Installation à leurs sièges. Entrée d’autres personnages, ceux-ci, en robes noires, quelques femmes, quelques hommes. M. le Procureur adresse une demande à deux ou trois de ces gens. On note que "l'écrivain prisonnier n'est pas là ". Puis tombe une déclaration : « Nous reprendrons cette  séance  le 4 janvier ! ». La salle se lève. M. le Procureur et ses aides ont à peine dépassé cinq minutes de présence dans ce palais de la magistrature.
            Ainsi fonctionnent les rouages d’un Etat qui se veut « de droit » ! Une quinzaine d’avocats, d’employés et secrétaires du Ministère de la Justice d’une nation, ont été mobilisés toute une matinée inutilement. Des femmes et des hommes qui ont fait d’assez longues études dans les Universités, qui ont acquis de bonnes qualités de service pour leur nation, sont traités de cette façon, devant des spectateurs à qui l’on a annoncé avec précision la comparution d’un homme, camerounais, en prison depuis 14 ans dans son propre pays, sans que l’on puisse jusqu’à ce jour expliquer  exactement de quoi il est coupable.
            Ce qui avait été prévu revêtait un aspect de Fête. Les autorités acceptaient que le prisonnier, M. Michel Atangana puisse dédicacer son livre rédigé dans sa geôle. Un fait assez original à l’intérieur d’un tribunal ! Un événement à la louange d’un Ministère de la Justice ! Une des personnes présentes lance en sortant : « Nous étions top nombreux. Ils ont eu peur… »
            A voir cette foule, sortir, calme et silencieuse, après une si longue attente, il n’y avait vraiment pas de quoi…
                                                 
                                                                            Pierre JARRET



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