CAMEROUN
« C’EST LA VRAIE
DICTATURE
QUI S’INSTALLE »,
déclare Mgr Samuel
Kleda, Archevêque de Douala
Dans un interview
recueilli par Jacques Eric Andjick, pour le quotidien camerounais
« Mutations » du jeudi 7 juin 2012, Mgr Samuel Kleda, Archevêque de Douala,
successeur du Cardinal Tumi, dans la vaste capitale économique du Cameroun,
affirme sans ambage : « C’est
la vraie dictature qui s’installe, et la justice sociale, on n’en parlera plus
jamais. »
Quelques extraits de
l’interview :
- Le
13 avril dernier, le Cameroun a adopté un nouveau code électoral. Qu’est-ce
qu’il vous inspire ?
- Le nouveau code électoral n’est pas bon, il n’a pas été
conçu selon les principes démocratiques…
-
Quels sont les manquements que vous avez décelés dans ce nouveau code ?
- Il y en a beaucoup. Commençons par noter ceci :
presque toutes les propositions faites par les partis politiques de
l’opposition et la société civile ont été rejetées… Aujourd’hui, dans un pays
qui veut s’engager dans la voie de la croissance économique, le président doit
être élu selon les principes démocratiques, pas un vote à un tour, ce qui
existe depuis l’indépendance du pays.
-
L’indépendance de Elecam (Ndlr-L’organisme national pour les « Elections au Cameroun ») est, dites-vous, illusoire.
-Tout à fait, Elecam n’est pas du tout indépendant; il est
totalement soumis au Président de la République, qui en nomme les
membres : les 18 membres du Conseil Electoral, le Directeur Général et le
Directeur Général adjoint. Il peut également mettre fin à leurs fonctions en
cas de défaillance et de dysfonctionnement notés, mais lesquels ne sont pas
définis (Art.44).Il est évident que le Président de la République ne peut pas
nommer des gens qui ne sont pas acquis à sa cause, issus de l’opposition.
Elecam n’a pas d’autonomie financière…Le moins qu’on puisse dire, c’est
qu’Elecam n’est pas un organe libre indépendant, capable d’organiser les
élections selon des principes démocratiques…
-Selon les leaders de
partis d’opposition qui ont quitté l’hémicycle pendant le vote de ce code, il
ne recherche pas le consensus…
- Je ne suis pas à mon aise lorsqu’on parle de consensus à
trouver au sujet du code électoral. Nous savons très bien comment on peut
parvenir à un consensus, surtout dans notre pays. Cela peut réfléchir l’intérêt
de quelques individus ou de quelques groupes…Les conséquences peuvent être très
néfastes pour notre pays…Il est à craindre qu’il n’y ait plus de dialogue entre
les membres du parti qui gouverne et les partis d’opposition et la société
civile. C’est la vraie dictature qui s’installe, et la justice sociale, on n’en
parlera plus jamais. Les maux qui minent notre société camerounaise n’auront
jamais de solution…"
( A suivre)
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