EN INDE, LA MORT D’UNE
ETUDIANTE
ALARME
SUR LA CONDITION DES
FEMMES
Le décès samedi 29 décembre d’une étudiante victime d’un viol collectif
plonge l’Inde dans un état de choc. Des milliers de manifestants dénoncent les
violences faites aux femmes, un véritable fléau dans le pays.
« Je te demande
pardon, petite sœur. » Devant les bougies de la veillée qui s’est tenue
samedi soir à Delhi, ce message en disait long sur une culpabilité éprouvée par
l’Inde entière. Au petit matin, la nouvelle était tombée : l’étudiante en kinésithérapie
de 23 ans, victime d’un viol collectif le 16 décembre, avait succombé à ses
blessures après treize jours en soins intensifs. La décision des autorités de
la transférer jeudi par un vol sanitaire vers un hôpital de Singapour n’a pu
enrayer les complications. La jeune femme s’est éteinte samedi à 4 h 45 du
matin, puis son corps a été rapatrié en Inde la nuit suivante. À l’aéroport de
Delhi, son cercueil doré et ses parents ont été accueillis par le premier
ministre Manmohan Singh et la présidente du Parti du Congrès au pouvoir, Sonia
Gandhi. La crémation du corps s’est ensuite tenue à l’aube sous haute sécurité…
VANESSA DOUGNAC, pour la Croix, à New Delhi, le 31 décembre
2012
LE REGARD DE
« MONDEACONSTRUIRE »
On peut quand même
se poser un certain nombre de questions. Ces choses-là n’arrivent pas toutes
seules. L’article parle de « policiers qui ferment les yeux » « Depuis
une dizaine jours, l’opinion publique blâme la légèreté du système judiciaire
et l’insensibilité des policiers face aux agressions sexuelles. Le sordide fait
divers avait déjà donné lieu à de vastes protestations à la Porte de l’Inde, au
cœur de la capitale… »
« Les autorités n’ont pas hésité, samedi, à transformer la
zone en forteresse, déployant plus de 5 000 policiers et fermant dix stations
de métro. Au même moment, l’annonce du décès s’est répandue comme une traînée
de poudre. De jeunes présentatrices n’ont pu cacher leurs larmes à l’antenne.
Des étudiants se sont rendus à l’arrêt de bus de Munirka pour déposer des fleurs
et des messages. « Tu resteras l’inspiration de notre lutte », ont-ils
écrit. C’est là que, le 16 décembre à 21 h 30, la jeune femme a embarqué dans
un bus avec son ami, après être allée au cinéma, et s’est retrouvée piégée par
six hommes à l’intérieur du véhicule aux vitres teintées. Les assaillants ont
tabassé le jeune homme puis violé et torturé l’étudiante avec une barre de fer.
Ils ont ensuite jeté les deux corps sur un trottoir. Depuis, les six
assaillants, à l’exception d’un mineur, ont été inculpés de meurtre. »
Qui sont ces assaillants ? Qui est ce mineur ? Quelle
présence dans l’éducation de ces hommes ? Le gouvernement s’interroge-t-il
vraiment dans sa responsabilité envers le peuple ? Tous peuvent se poser
des questions en Inde aujourd’hui ? La masse de réactions saines de si
nombreuses personnes après un tel drame de bestialité montre que le pays est
riche en femmes et en hommes qui ont conscience de leur dignité.
S’ils s’interrogent, les gouvernants de l’Inde ne devraient pas
être les seuls. Il y a un an maintenant, la jeune Vanessa, camerounaise,
donnait naissance à un bébé qui mystérieusement disparaissait immédiatement.
Elle ne l’a jamais revu. Les dirigeants du pays, liés par quelle chaîne
d’intérêts ou de corruption, se sont révélés incapables de ne pas couvrir un
acte aussi criminel. On devait apprendre un peu plus tard que cette opération
n’était pas la première.
Il semble que les Dirigeants de l’Inde souhaitent s’interroger
sur ce drame qui touche profondément les fibres du pays. Les femmes et les
hommes qui sont à la tête du Cameroun accepteront-ils de réviser certaines de
leurs pratiques ? Vanessa retrouvera-t-elle son enfant ?
Pierre Jarret
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