jeudi 3 janvier 2013

POLITIQUE


CENTRAFRIQUE


L'EGLISE FORCE DE PAIX
 
FACE AUX REBELLES
Mgr ALBERT VANBUEL, SDB
RESTE LA SEULE AUTORITE

A NE PAS PARTIR


  (ANS – Kaga Bandoro, 03 01 13) – Depuis plusieurs semaines la République Centrafricaine se trouve sur le bord d’une guerre civile, qui voit s’opposer les forces gouvernementales fidèles au Président François Bozizé et les rebelles de la coalition Seleka – formée par trois groupes armés qui ont signé entre 2007 et 2011 des accords de paix avec le gouvernement de Bozizé. Mgr Albert Vanbuel, évêque salésien de Kaga Bandoro, seule autorité restée en ville, raconte la situation d’instabilité qui s’est instaurée.

La crise actuelle de stabilité politique et militaire, explique l’évêque salésien, vient de loin: “En 1993, nous avons eu les premières élections démocratiques. Depuis 1996, le pays a vécu une série de mutineries et coups d’État. Mais il y a eu bientôt les premières réactions, qui ont souvent été des réactions contre l’extrême pauvreté et la régression socioéconomique”.

“Les conflits suivant sont en premier lieu une réaction au régime, organisé sur une base ethnique, et à la corruption. L’insécurité est une conséquence directe et s’aggrave de plus en plus, les gens ne peuvent pas travailler dans les champs – l’agriculture est l’occupation principale de la population, et il n’y a presque pas d’industries après tant de guerres et de pillages”.

“En 2008, il y a eu la joie d’un accord de paix avec les groupes rebelles. Mais la mise en pratique de cet accord traine. C’est seulement en 2012 que la phase ‘désarmement, démobilisation et réintégration’ des rebelles est commencée. À Kaga Bandoro, c’était une joie que d’en voir 1.700 redevenir citoyens. Mais les deux autres pas du programme ne sont pas partis”.

“Ainsi, après quelques mois, il y a eu la menace de marcher vers Bangui – la capitale. Au cours de la messe de Noël, un groupe de rebelles provenant du nord a occupé Kaga Bandoro, sans trouver de résistances. Les autorités et les soldats loyalistes étaient déjà partis. Les rebelles ont cherché les bâtiments institutionnels, les autorités et les fonctionnaires, sans faire trop de mal à la population. Malheureusement quelques personnes ont pillé les bâtiments, les archives et un dépôt de carburant, provoquant des morts et des blessés pour les brulures. Toutes les ONG, à l’exception de la Croix Rouge, ont quitté la ville, tout comme le personnel médical. La sœur qui gère notre dispensaire a beaucoup de travail pour aider les gens”.

“Après quelques jours, les rebelles ont pris la route pour Bangui et ont laissé la ville libre, mais maintenant il y a le danger des ‘petites bandes’ qui en profitent pour voler ou exécuter des vengeances personnelles. Depuis Noël, tous les nuits notre Centre pastoral se remplit de réfugiés et quelques familles restent d’une manière permanente. Nous avons fait des grandes célébrations à Noël, pour la fête de la Sainte Famille et pour le Jour de l’An, pour exprimer notre désir de paix et donner de la sérénité aux chrétiens qui se sentent abandonnés. Le 31 décembre, nous avons organisé une marche de la paix avec une messe de fin année”.

“À présent tout est bloqué. Il n’y a aucune autorité, les archives ont été pillées et les ONG sont parties. Quel avenir pour notre pauvre pays? La pauvreté fait en sorte que ce qui n'a pas été pris par les rebelles soit encore pillé. L’école ne peut pas reprendre les cours, les postes sanitaires sont vides et la gens ne vont pas dans les champs. Le seul soutien, c’est l’Église qui console le peuple, mais du point de vue économique elle ne peut pas faire grand-chose. La Caritas faisait un bon travail, mais maintenant il n’y a plus d’ONG pour lancer les projets”.

Ayant appris la situation, le Recteur Majeur, père Pascual Chávez, a envoyé à Mgr Vanbuel un message de solidarité et de proximité dans la prière. Entretemps, le père Manuel Jiménez, provincial de l’Afrique tropicale équatoriale, a assuré que tous les salésiens présents dans le pays se portent bien et ont pu célébrer les fêtes de Noël avec les fidèles. En attendant une solution entre le gouvernement et les rebelles, la situation dans les villes demeure plutôt sereine, malgré la présence assez importante de militaires.

Publié le 03/01/2013
(Transmis par l'Agence Salésienne d'informations, ANS, fondée en 1993)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire