vendredi 11 juillet 2014

FAMILLE SALESIENNE


J'étais avec le Père Arribat,
 
à Villemur sur Tarn (Hte Garonne).

J’étais jeune séminariste, et j’avais été envoyé dans cette petite école primaire que la Province salésienne de Lyon venait d’ouvrir, à quelque 30 km de Toulouse. Je venais de faire tant bien que mal quelques mois de philosophie au Scolasticat de Fontanières à Lyon. Nous étions en pleine guerre, en 1942. J’avais 20 ans. Deux autres salésiens composaient la petite communauté : le Père Poli, et le jeune séminariste Paul Berne.

Un détail sur la pédagogie du Père Arribat. Comme il démarrait cette nouvelle œuvre salésienne, il avait demandé à mon Provincial, le P. Hippolyte Faure, si je savais jouer du clairon et du tambour. J’ignorais ces instruments. Je me suis mis à apprendre, durant les semaines qui me restaient à Lyon, et l’Ecole St Pierre de Villemur a eu sa clique qui défilait aux jours de fête.

Un soir, sont arrivés les trois jeunes juifs. La nuit était déjà tombée. Le P. Arribat vient me trouver. « Nous recevons ces trois jeunes. Vous auriez un peu de temps pour leur apprendre le signe de la croix, le « Notre Père », et la génuflexion. ?»

- Pourquoi ?

- Ce sont des jeunes juifs. Il faut que demain matin, quand ils viendront avec les autres à la messe, les autres élèves ne s’aperçoivent de rien.

- Qui envoie ces jeunes juifs ?

- C’est Pie XII.

-Comment, Pie XII ?

- Pie XII a parlé avec tous les évêques de France. Le Cardinal Saliège, archevêque de Toulouse, vient d’écrire à toutes les institutions religieuses.

Et ce soir-là, j’ai essayé d’enseigner le signe de croix, et la génuflexion à ces trois jeunes. Je n’ai pas pu réussir à leur apprendre le Notre Père en si peu de temps.

NB – J’atteste pour Yad Vashem dont j’ai publié la version hier sur ce blog, qu’ils étaient bien trois jeunes juifs. Yad Vashem a ajouté par erreur, Maurice Lager, un jeune salésien qui était professeur et accompagnateur des élèves. Maurice Lager m’a remplacé l’année suivante. Je faisais partie de « la classe 42 » qui « devait partir toute entière en Allemagne, au service de Hitler », mais cela est une autre histoire.
PIERRE JARRET

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