dimanche 31 mars 2013

DANS L'ESPRIT


JEAN PAUL SARTRE
ET LA VIERGE MARIE

Le Cardinal Gianfranco Ravasi rappelle l'attachement de Benoît XVI à cet effort de "nouvelle évangélisation" qu'il nomme le "Parvis des Gentils." Il raconte ce qui suit:
"Noël 1940! Nous sommes en pleine deuxième guerre mondiale. Avec des milliers d'autres jeunes français, Jean Paul Sartre est prisonnier des allemands. Dans le stalag XII  D de Trêves où il se trouve, il est sollicité par ses compagnons chrétiens  de détention pour composer une sorte de représentation sacrée. Il écrit alors son premier texte théâtral, "Bariona", ou "le Fils du tonnerre".

Or, dans ce texte, à un certain moment, entre en scène Marie qui vient de donner le jour à l’Enfant Jésus et qui, comme n’importe quelle mère, s’est mise à le contempler avec tendresse, consciente de l’unicité de son expérience. Voici quelques lignes vraiment surprenantes de cette œuvre composée par un auteur appartenant sans aucun doute au groupe des Gentils.
« Le Christ est son enfant, la chair de sa chair et le fruit de ses entrailles. Elle l’a porté neuf mois. Elle lui donna le sein et son lait deviendra le sang de Dieu, …elle sent à la fois que le Christ est son fils, son petit à elle et qu’il est Dieu. Elle le regarde et elle pense : « Ce Dieu est mon enfant ! Cette chair divine est ma chair. Il est fait de moi. Il a mes yeux et cette forme de bouche, c’est la forme de la mienne. Il me ressemble. Il est Dieu et il me ressemble »…Et aucune femme n’a de la sorte son Dieu pour elle seule. Un Dieu tout petit qu’on peut prendre dans ses bras et couvrir de baisers, un Dieu tout chaud qui sourit et qui respire, un Dieu qu’on peut toucher et qui vit. »

(Osservatore Romano Edition hebdomadaire en langue française.
N° 51-52 du jeudi 20-27 décembre 2012)

LE REGARD DE "MONDEACONSTRUIRE"

 
Cher Monsieur Sartre,
Je n'ai pas eu le plaisir de vous connaître personnellement. Vos écrits se multipliaient déjà durant nos études théologiques (1945-1949). A Lyon, nous entendions parler de vous. Nous étions attentifs à vos écrits. Nous saisissions une recherche. Hors de vos textes sur l'existentialisme, nous pouvions parcourir déjà aussi vos essais de théâtre. Les textes couraient, légers et aériens, dans la beauté de vos phrases et la fraîcheur des mots. Ils nous découvraient tous les replis de la vie humaine. Vos analyses nous surprenaient. Nous étions loin d'y adhérer totalement. Mais vous étiez parmi nous.
Votre nom m'a été jeté en pleine figure, dans une salle de tribunal de Yaoundé, il y a quelques années, où, avec l'assentiment de mes supérieurs religieux, j'étais allé apporter une présence "spirituelle" à des jeunes que nous savions attaqués injustement par le pouvoir en place.
Nous savions que la dignité de l'homme avait pour vous un poids. Mais nous ne connaissions pas votre délicatesse pour cette maman Marie.
Noël 40. Vous rédigiez ces belles lignes pour la joie de vos compagnons. Au même moment, jeune séminariste, je faisais prier des enfants pour les prisonniers français en Allemagne.
Merci, Monsieur Sartre. Ces lignes qui vous liaient à la Vierge Marie, sont exactement la prière qui nous manquait pour lui parler, comme vous aimiez le faire. 
En ce jour du Christ Ressuscité,
Pâques 31 mars 2013                                                     

Pierre Jarret 


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