CAMEROUN
L’Église camerounaise dénonce l’impunité
après l’arrestation arbitraire d’un prêtre
Le vicaire général du diocèse de Douala, le P. Fidèle Mabegle, dénonce l’insécurité croissante, les abus de pouvoir, les violations des droits de l’homme et l’impunité qui sévissent au Cameroun. Au nom de l’Église camerounaise, il exprime sa préoccupation pour l’avenir du pays dans une lettre ouverte parue mardi 26 mars dans L’Effort Camerounais, le journal de la Conférence épiscopale du Cameroun.
Cette déclaration intervient après l’arrestation arbitraire du P. François Marie Gnammi Kasco, prêtre de la zone de l’aéroport de Douala.
Le P. Joseph Ndoum, chancelier du diocèse de Douala, a expliqué à l’agence missionnaire Misna que le P. Kasco a été arrêté dans son presbytère le 24 janvier dernier en pleine nuit. Les deux gendarmes qui l’ont escorté jusqu’à Yaoundé, à plus de 300 km de là, ne présentaient aucun mandat d’arrêt formel.
« Un enlèvement et une détention arbitraire »
Le prêtre a été retenu pendant plusieurs heures par la brigade de gendarmerie de Yaoundé I, où il aurait par ailleurs été maltraité. Il n’a été libéré qu’après l’intervention de Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala. Le P. Kasco a ensuite été déféré en jugement pour « manipulation spirituelle » à l’égard d’une étudiante.
« L’affaire de notre confrère, qui a été victime d’un enlèvement et d’une détention arbitraire, illustre parfaitement l’attitude irresponsable de certains membres des forces de sécurité, censées pourtant assurer l’ordre et le respect de la loi, accuse le P. Ndoum. Quant aux traitements subis par le P. Kasco, dont tout le monde a eu connaissance parce qu’il fait partie du clergé, il ne s’agit en réalité que de la pointe de l’iceberg, d’innombrables civils anonymes sont traités de la même manière. »
Douze paroisses attaquées à Douala
Deux mois après les faits, les responsables de l’arrestation arbitraire du P. Kasco n’ont toujours pas été sanctionnés, relève le P. Ndoum.
Depuis juin 2010, pas moins de douze paroisses ont été attaquées et saccagées à Douala, où des humiliations et des violations se vérifient chaque jour, dénonce le clergé local.
De l'Effort camerounais, repris par E. M. dans La Croix (avec Apic)
LE REGARD DE "MONDEACONSTRUIRE"
Au Cameroun, le diocèse de Douala réagit constamment devant les abus continuels du système en place qui s'enfonce chaque jour davantage dans la corruption et le mensonge. Le journal "L'Effort camerounais" , installé dans les dépendances de l'Archevêché, poursuit sa recherche de vérité.
Mgr Kléda a vivement protesté contre "l'enlèvement " d'un de ses prêtres par la police. L'Eglise camerounaise reste toujours sans réponse sur la disparition d'une vingtaine de prêtres et de quelques évêques durant les années passées. Le Cardinal Tumi répondait à un journaliste, il y a dix ans: "Losque les choses se passent ainsi, c'est que l'Etat cache quelque chose". Ces derniers jours, l'ordre venu "d'en haut" pour évacuer par la force la jeune maman camerounaise à qui on a volé son bébé continue de certifier que "cet Etat cache quelque chose".
Dommage ! Le peuple camerounais et ses dirigeants ont le droit de "vivre autrement"
Pierre Jarret