BENOIT XVI : NOUVELLE MISSION
Ce jeudi 28 février, le Pape se retire, une première depuis des siècles.
Hier, il a présidé la dernière audience générale de son pontificat, place Saint-Pierre, sous un ciel limpide et un soleil éclatant: au moins 150 000 personnes étaient présentes, jusque dans la rue de la Conciliation, et environ 70 cardinaux.
Quelques extraits de son allocution
"...Lorsque, le 19 avril, [applaudissements] d’il y a presque huit ans, j’ai accepté d’assumer le ministère pétrinien, j’ai eu cette ferme certitude qui m’a toujours accompagné: cette certitude de la vie de l'Eglise, de la Parole de Dieu. En ce moment, comme je l’ai déjà exprimé à plusieurs reprises, les paroles qui ont résonné en mon cœur ont été : « Seigneur, que me demandes-tu ? C’est un grand poids que tu mets sur mes épaules, mais si Tu me le demandes, sur ta parole, je jetterai les filets, sûr que Tu me guideras, même avec toutes mes faiblesses ».
Et huit ans plus tard, je peux dire que le Seigneur m’a vraiment guidé, a été proche de moi, j’ai pu percevoir sa présence quotidiennement. Cela a été un bout de chemin de l’Eglise qui a eu des moments de joie et de lumière, mais aussi de moments pas faciles ; je me suis senti comme saint Pierre avec les Apôtres dans la barque sur le lac de Galilée : le Seigneur nous a donné tant de journées de soleil et de brise légère, de jours où la pêche a été abondante ; il y a eu aussi des moments où les eaux étaient agitées et le vent contraire, comme dans toute l’histoire de l’Eglise et où le Seigneur semblait dormir. Mais j’ai toujours su que dans cette barque il y avait le Seigneur et j’ai toujours su que la barque de l’Eglise n’est pas à moi, n’est pas la nôtre [applaudissements] mais est la sienne et qu’il ne la laisse pas couler ; c’est Lui qui la conduit, certainement aussi à travers les hommes qu’il a choisis, parce qu’il l’a voulu ainsi. Telle a été la certitude que personne ne peut troubler. Et c’est pour cela qu’aujourd’hui mon cœur est rempli de gratitude envers Dieu parce qu’il n’a jamais fait manquer ni à l’Eglise ni à moi sa consolation, sa lumière, son amour..;"
LE REGARD DE "MONDEACONSTRUIRE"Nous sommes nombreux à avoir rencontré Benoît XVI dans une de ses multiples démarches à travers le monde. Les médias étaient tous d'accord pour reconnaître que ce ne serait pas facile de remplacer Jean Paul II. Joseph Ratzinger a été reçu par Dieu comme il est. Le pape théologien a fait rapidement savoir à tous qu'il nous apportait sa propre personnalité. Il faudra du temps pour mesurer ses apports à l'Eglise du Christ. Chaque pape nous vient "comme il est".
Pie XI, le pape de mon enfance m'a donné le goût des "Missions". Il m'a enthousiasmé quand il a démarré au Vatican avec Marconi "sa" Radio, la Radio Vatican. C'était le 12 février 1931. J'avais 9 ans. Papa nous emmena chez Claudius Grange, notre voisin "marxisant" qui avait la radio.
Pie XII nous tendit la main pour nous saluer. Nous étions un groupe de jeunes prêtres, sur la Place Saint Pierre. C'était le dimanche 25 août 1956. Il venait de célébtrer la plus grande rencontre de jeunes travailleuses et travailleurs jamais réalisée. A son appel et à celui du Cardinal Cardjin, trente mille jeunes ouvriers du monde entier s'étaient rassemblés là. Leur mouvement devenait le plus vaste mouvement d'action catholique de jeunes. Pie XII avait voulu cette rencontre.
Jean XXIII fit surgir "Vatican II". Nos vies de prêtre en furent transformées. Le nonce "Roncalli" à qui les Français s'étaient habitués surprenait tout le monde par ses décisions.
Paul VI ouvrit le Saint Siège aux grands voyages dans chaque continent. Son intervention aux Nations Unies nous est restée. Il fallait toute l'audace du diplomate "Montini" pour dire à tous les chefs d'Etat : "Oh! Vous nous connaissez bien!"
Jean- Paul Ier vint alors à peine 33 jours. Souvenir extraordinaire que ses rencontres du mercredi avec un petit enfant qu'il interrogeait tout simplement, comme un curé au catéchisme.
Jean Paul II attendit peu de temps pour voyager vers sa Pologne natale. "Trop tard, écrira un journal. Quand les Russes s'en rendirent compte, il était déjà sur place!" Tellement fatigué après ce voyage, notera son secrétaire devenu Cardinal, il dormit quatorze heures en rentrant à Rome. Le mur de Berlin ne résista pas longtemps après ce pélerinage chez lui du pape polonais.
Benoît XVI est le premier depuis plusieurs siècles à se retirer. Ce geste est déjà tout un message. Des chercheurs, des journalistes, des politiques, des économistes, des philosophes, des sociologues nous disent déjà leurs analyses. Avec eux, nombre de gens des milieux populaires pensent qu'il y a là un geste retentissant pour révéler à notre temps un "message venu d'ailleurs !"
Jean Baptiste Beraud, sdb