mercredi 20 février 2013

POLITIQUE


CENTRAFRIQUE  :      
"SAUVER LE PEUPLE DE L'ASPHYXIE"
 
Les évêques lancent un appel vibrant pour la paix


« Brisons les liens de la mort
et sauvons le Peuple Centrafricain de l'asphyxie. »

Depuis la dernière crise militaro-politique que vient de connaître notre pays, Nous Evêques de Centrafrique, sommes restés solidaires et près du peuple pour partager les peines et les difficultés endurées par cette population meurtrie dans sa chair. Cependant nous constatons que les accords de Libreville du 11 janvier 2013, tardent à se réaliser pleinement. C’est la raison pour laquelle nous nous engageons à lancer un vibrant appel au Gouvernement d’Union Nationale, à la CEEAC, à la Communauté Internationale, et aux personnes de bonne volonté en vue d’oeuvrer instamment pour mettre fin à la souffrance du peuple Centrafricain.

I. Réalités présentes :

Depuis ces derniers évènements, une grande partie des régions de Centrafrique est occupée par la rébellion armée. Les populations vivent dans la peur. Elles sont dispersées dans la brousse ; elles ne peuvent plus vaquer librement à ses occupations ; les activités champêtres sont abandonnées.

Dans les villes occupées, des malades se retrouvent sans soins ; les hôpitaux sont fermés ou complètement détruits, des bâtiments scolaires ont été saccagés, pillés et par endroit complètement détruits. Inévitablement, la scolarité de milliers et de milliers d’enfants est compromise. Le droit inviolable à l’intégrité physique de la personne humaine, notamment en ce qui concerne les jeunes filles et les femmes, n’est plus respecté. Nombre de jeunes filles et de femmes ne cessent de faire l’objet de viol.

D’autres actes notoirement déplorables sont les infrastructures de l’état et les édifices religieux qui sont saccagés, pillés, profanés et les voitures emportées. Les quelques unités de production existantes ont été vandalisées, les biens et les propriétés des citoyens ne sont plus sécurisés ; des villages incendiés.

II. Plan d’action

Doit-on continuer à soumettre le peuple à de telles conditions de vie si inhumaines et humiliantes qui, pourtant, ont préalablement fait l’objet de plusieurs discussions et dialogues ?

Nous en appelons à votre sens de patriotisme : libérez rapidement et sans délai ce peuple qui ne veut que la paix pour vaquer à ses occupations. Le peuple meurtri qui crie en silence et dont la voix est étouffée n’en peut plus. Il exprime son exaspération face à toutes les exactions qu’on lui impose depuis le mois de décembre de l’année dernière.

A cet effet, nous recommandons :

Au Médiateur de la CEEAC, à la Communauté Internationale, aux ambassadeurs accrédités en Centrafrique, au BINUCA, à la CEEAC d’aider rapidement pour que :*

Les routes soient ouvertes afin de faciliter la libre circulation du peuple centrafricain. Car les gens meurent de faim, ils sont asphyxiés, ils n’ont plus de ravitaillement ni en carburant, ni en denrées alimentaires, ni en médicaments essentiels.

Les réseaux téléphoniques soient rétablis dans les zones occupées, car on ne peut pas priver tout un peuple de son droit de communiquer.

Le Gouvernement assume sa responsabilité et garantisse la sécurité des religieux, religieuses et de tout citoyen centrafricain.

Les responsables des différentes factions rebelles qui sont dans les zones occupées mettent immédiatement fin aux vols et viols, aux actes de vandalisme, aux tueries et aux exactions sur le peuple centrafricain, les religieux et surtout sur les bâtiments et les édifices publics et religieux.

III Conclusion

Nous vous mettons devant votre conscience et votre responsabilité: les populations sont déplacées, elles vivent dans la terreur et l’angoisse. Des innocents centrafricains sont tués, égorgés comme des animaux. TROP C’EST TROP. NOUS SOMMES FATIGUES. LE PEUPLE EST LAS DE TOUTES CES SOUFFRANCES INUTILES, DESTRUCTRICES.

Cette situation doit changer. Le peuple centrafricain a le droit de vivre en paix dans son pays et vaquer sans inquiétude à ses occupations. Nous exigeons le respect de la parole donnée et de la Constitution.

Que ce début de carême soit pour chacun un temps de conversion des coeurs afin de faire sortir ce peuple pris en otage et qui attend de nous une libération totale ; la paix qui vient de Dieu, la paix des coeurs et non celle des armes.

Fait à Bangui, 14 Février 2013

Mgr Edouard MATHOS, président de la CECA, évêque de Bambari
Mgr Albert VANBUEL, vice-président de la CECA, évêque de Kaga Bandoro
Mgr Dieudonné NZAPALAINGA, archevêque de Bangui
Mgr Nestor Désiré NONGO AZAGBIA, évêque de Bossangoa
Mgr GUERRINO PERIN, évêque de Mbaïki
Mgr Peter MARZINKOWSKY, évêque d’Alindao
Mgr Dennis KOFI AGBENYADZI, évêque de Berberati
Mgr Armando GIANNI, évêque de Bouar
Mgr Juan Jose AGUIRRE, évêque de Bangassou
Mgr Cyr Nestor YAPAUPA, évêque coadjuteur d’Alindao.

LE REGARD DE "MONDEACONSTRUIRE"

Un tout petit pays complètement enclavé au coeur du continent noir. Des populations travailleuses que l'on empêche de s'épanouir depuis des années.
Un certain nombre de puissances étrangères ont de lourdes reponsabilités dans les situations de pauvreté, de manques d'initiatives que peuvent conserver des générations successives. Il suffit de retrouver quelques témoignages bien vérifiés comme ceux de François Xavier Vershave dans "Noir Silence". Je lis en page 225 " En Centrafrique, bien davantage qu'ailleurs, ces chercheurs d'or et de diamants...ont, avec le temps et le laisser-faire des régimes centrafricains, fixé de véritables territoires de puissance... L'une des régions à fort rendement minier, Berberati, est classée "zone d'activité militaire", et exclusivement occupée par l'armée française."  Le 27 septembre 1995, le Canard Enchaîné pourra affirmer, face aux scandales en série qui éclaboussent le pouvoir en place: " Les forces armées françaises basées en Centrafrique s'y opposent d'autant moins qu'elles sont elles-mêmes "compromises...dans la fraude du diamant."
Simple rappel qui montre la nécessité de "l'appel à la conscience" que lancent les  évêques de Centrafrique, avec parmi eux, celui de Berberati. Nombre de personnes et de pays sont concernés par ce qui arrive au peuple cantrafricain. Interrogez-vous en conscience.

Le petit épiscopat de la Centrafrique, dix évêques, pas plus, a le courage de prendre la parole. Sur les insistances du Pape qui nous quitte, ils prennent la hardiesse des mots pour dénoncer ces crimes et ces atrocités dont ils sont témoins. Ils savent que les mots "politique, économie, social", qu'employait si souvent Benoît XVI, ne sont pas des mots "tabou" dans l'Eglise. Ils sont les mots de "la vie quotidienne" avec lesquels, dans chaque personne,tu rencontres Jésus-Christ.
Si l'évêque salésien de Kaga Bandoro, Mgr Vanbuel, pouvat nous écrire dernièrement qu'il "était la seule personnalité" à être restée dans son diocèse, face  au déferlement de bandes inconnues, il nous affirme maintenant que les communautés d'Eglise, voir d'évêques, même petites, sont fortes lorsqu'elles sont profondément unies.
                                            Pierre Jarret



 

 

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