samedi 14 février 2015

POLITIQUE

CAMEROUN
 
RECUL
 
DE LA LIBERTE
 
DE LA PRESSE
 
D’après le classement annuel de Reporters sans frontières rendu hier jeudi, le pays passe de la 131ème à la 133ème place mondiale.
Ceci à cause du mauvais sort qu’il inflige à ses journalistes.
Avec cette nouvelle publication du
classement annuel sur l’état de la liberté de la presse dans le monde, la descente aux enfers du Cameroun n’est pas près de s’arrêter. Déjà rétrogradé en 2014 à la 131ème position, contre la 120ème place en 2013, à l’aune des conditions de travail des journalistes qualifiées d’exécrables, le Cameroun perd encore des points en 2015. Avec un score global de 39,63 contre 38,13 en 2014, le pays qui envisage d’être émergent à l’horizon 2035, occupe le 133ème rang sur 180 pays. Une piètre performance qui s’appuie sur trois faits majeurs au niveau de la scène médiatique.
D’abord, pour le plus récent, la promulgation par le président de la République en fin décembre dernier, de la loi portant répression des actes terroristes. Ladite loi, alors qu’elle était
 
L'EGLISE EST

TOUJOURS

DEBOUT

POUR LA LIBERTE
 
DE LA PRESSE
encore en examen au parlement avait suscité l’indignation de l’opinion publique. Malgré les critiques acerbes de la société civile contre son adoption, au vu de sa capacité de bâillonner les libertés individuelles et davantage la liberté d’expression, elle est passée malgré tout comme une lettre à la poste. Or en ce temps-là, le Rsf avait mis en garde le chef de l’Etat Paul Biya. « Le Cameroun est en train de se doter d’une loi anti-terroriste dont de nombreuses provisions font craindre une application sans nuance du texte et des conséquences néfastes pour la liberté de l’information », indiquait-il.
Ensuite, il y a eu l’affaire qu’il convient d’appeler, « l’affaire Félix Cyriaque Ebole Bola et Rodrigue Tongue », respectivement journalistes pour les quotidiens Mutations et Le Messager. De l’inédit ! Des journalistes après avoir comparu devant le tribunal militaire en pleine capitale politique, sont inculpés de « non dénonciation » de faits susceptibles d’atteindre à la sureté de l’Etat. Baba Wamé, un ancien journaliste actuellement professeur, à l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication est soumis aux mêmes accusations. Cette situation n’est d’ailleurs pas moins contestée. Devant l’indignation de la corporation, Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières, monte lui aussi au créneau. « Cette inculpation est très inquiétante pour la liberté de l’information au Cameroun. Les journalistes n’ont pas à être des collaborateurs des agents de sécurité de l’Etat. Au contraire, ils se doivent de maintenir leur indépendance vis-à-vis du pouvoir, s’ils veulent continuer à exercer », s’offusque-t-il. Les faits sont d’autant plus inquiétants que les journalistes concernés sont contraints de se pointer à la police chaque semaine et ne doivent pas sortir de la ville de Yaoundé, ni participer à des débats médiatiques.
Un autre point, qui a sans doute eu un impact dans la mauvaise notation du Cameroun, c’est l’incarcération de trois journalistes accusés de diffamation pour des articles publiés dans leurs médias respectifs. Guy Nsigué, reporter pour le site internet mboafootball et la Radio Sport Info interpellé, en octobre 2014, par les élements du secrétariat à la Défense, (aujourd’hui en liberté). La même période, Zacharie Ndiomo, le directeur de publication du bimensuel Le Zénith, est déféré à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé après son audience avec le procureur. Amungwa Tanyi Nicodemus, pour sa part, directeur de publication de l’hebdomadaire The Monitor, est incarcéré depuis le 29 mars 2014 dans une prison de Bamenda, dans le nord-ouest du Cameroun. Toute choses qui ont suscité l’émoi de Rsf. L’organisme ne s’est pas alors fait prier pour dénoncer le musèlement de la presse dans le pays et par la même occasion a exhorté le gouvernement à dépénaliser les délits de presse. Malheureusement les cris de Rsf sont visiblement tombés dans les oreilles de sourd.
Ce nouveau classement mondial de la liberté de la presse qui n’est pas favorable au Cameroun, présente en Afrique centrale, le Gabon (95ème) comme le meilleur élève. De manière général, la palme d’or du de respect de la liberté de la presse est attribuée la Namibie (17ème), suivi du Ghana (22ème). Sur l’échiquier mondial, les pays nordiques occupent le haut du classement, avec la Finlande, la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas et la Suède.

Luc Justin Kamguia, 237online.com


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