HOMELIE
POUR 92 ANS
31
août 1922-31 août 2014
(22e dimanche année A : Jr
20,7-9, Rm 12,1-2, Mt 16, 21-27)
Le 2 avril 2000, j’arrivais au Cameroun.
Je venais de France, de Lyon, où j’étais depuis quelques années responsable du
Bulletin salésien français. Le Père Guy Ollivry venait me chercher à Nsimalen
avec Arthur Bartol, alors jeune théologien. Guy me disait : « Eh
bien, tu es le plus âgé de la
Province ! » Je vois que je le suis toujours. Alors que depuis mon
noviciat, 1938-39, j’avais toujours été le plus jeune. A mon arrivée en ATE, j’avais
donc 78 ans. Le Père Filiberto, récemment encore Provincial d’Angola, qui me
voyait partir de Paris, me disait : « A ton âge, tu es fou de
partir !». Me sentant bien, je me demandais pourquoi il me parlait ainsi.
Un anniversaire rappelle le souvenir de la
famille. Pour moi, l’entrée de Don Bosco dans ma vie reste liée à celle de l’émigration
et de la question sociale, vécue dans ma propre famille. Mon grand père paternel,
Gilbert Beraud, travaillait dans la construction des usines de métallurgie qui
commençaient à s’étaler de Lyon à St Etienne. Bon paroissien, il était aussi
parmi les travailleurs qui s’organisaient pour faire naître des syndicats, afin
d’obtenir des situations plus justes et plus humaines. Il s’agissait déjà de
revendications que les patrons ne voyaient pas toujours d’un très bon œil. Et
un beau jour, le patron de mon grand père lui propose d’aller avec toute sa
famille en Italie. Il fallait construire des usines à Savonne.C’était donc un
départ avec les trains de l’époque pour toute la famille. Grand père et grand
mère, les 4 garçons dont mon père, à peine 12 ans, et les deux filles. Deux ans
après, les usines étaient construites, et toute la famille revenait. Dans ma
petite commune natale de Lorette, on a toujours pensé que ce voyage en Italie avait
été une belle occasion pour empêcher le grand père de faire trop de
syndicalisme.
Il en fallait plus pour le gêner dans son
action. Il avait préparé mon père, mes oncles et mes tantes, à suivre déjà
l’enseignement de St Paul aux Romains. « Ne prenez pas pour modèle le
monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de pernser pour
savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu. » Ce que nous venons
d’écouter dans St Paul
Mais autre chose s’était passé aussi. A Savonne, grand père et grand mère avaient
dû envoyer les enfants à l’école. Les garçons se sont retrouvés chez les
salésiens, et les filles chez les salésiennes. Mon premier éveil à la vocation
salésienne vient d’une image d’un prêtre que je trouve à la maison. Je devais
avoir 5 ans. Pout la 1re fois, mon papa me dit : « C’est
Don Bosco. ! » Il avait reçu cette image à l’école des salésiens en
Italie. Quand mon père a su que les salésiens avaient ouvert un collège à 90 km
de Lorette, il nous y envoya, mon frère et moi.
Comme Jérémie qui nous disait, il y a 2630
ans, :«Seigneur, tu as voulu me séduire, et je me suis laissé séduire »,
c’est bien vrai, je t’en rends grâce aujourd’hui. Les salésiens de ctte époque ont su nous
enthousiasmer pour embarquer nos vies avec la Vierge auxiliatrice et Don Bosco.
Evoquer par un nom tous les confrères qui
m’ont aidé, sur le chemin, je voudrais nommer Agustin Hernandez. A mon arrivée,
la 1re maison provinciale était à Mimboman, un peu plus haut que
l’ensemble actuel. Peut-être, une plaque souvenir s’y trouvera un jour pour
marquer les origines de l’ATE. Agustin venait ici tous les jours seul pour
suvre les constructions. Je me suis trouvé durant quelques semaines le 1er
à venir vivre ici avec lui. Je le revois encore, me disant qu’il allait
chercher ces sculptures sur bois qui
ornent le haut des murs de cette chapelle. Il les avait commandées chez des
artisans à Bamenda. Le nonce précédent s’empressait de les faire photographier.
Agustin nous préparait une chapelle où il fait bon prier. Savons-nous toujors
estimer les cadeaux des frères qui nous ont précédés ?
Au seuil de cette étape que je suis en train de vivre, dans ma santé, vous comprenez que je sois
attentif devant le Seigneur face à cette communauté qui m’a accueilli, et
envers tous ces jeunes qui ont voulu être comme mes frères et sœurs. Je veux
prier à leurs intentions, Jésus, Yann, Matthieu, Françoise. « J’étais malade,
tu m’as soigné » En refaisant Mt 25, vous avez réécrit en direct les Actes
des Apôtres, dans les nouvelles périféries de nos maladies, où la première
nécessité dont nous avons besoin, c’est d’une véritable tendresse. Que le
Christ vous garde cet amour si profondément humain, qui est début de toute
évangélisation.
Dans l’Evangile d’aujourd’hui, St Matthieu
nous répète : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il prenne
sa croix et qu’il me suive… » La souffrance peut arriver brusquement dans
nos vies. Heureux qui se sent aimé dans sa souffrance. Il sait qu’il a déjà la
promesse de la Résurrection.
Jean Baptiste Beraud, sdb
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