RDC
GOMA DANS LA TOURMENTE
Ce 22 mai 2013, l'Agence salésienne ANS
communique.
(ANS – Goma) – Encore une fois, le Nord Kivu, et en particulier son
chef-lieu, Goma, est le théâtre d’affrontements et de violences. Le P. Piero
Gavioli, sdb, Directeur du Centre Don Bosco Ngangi, se fait le porte-parole de
la population qui ne demande qu’à vivre en paix. Voici un résumé des
communications que le Père a envoyées ces derniers jours.
Malheureusement,
c'est un énième épisode d'une triste histoire qui dure maintenant depuis 20
ans. Il y a un an, s’est mutiné un groupe rebelle de militaires, qui s'est
appelé "M23." Ils se référaient en effet aux accords conclus le 23
mars 2009 - d'où le nom de M23 - entre le gouvernement de Kinshasa et la
rébellion de Kunda (chef du CNDP, héritier d’ailleurs du RCD et de rébellions
plus anciennes), qui avait duré plusieurs mois. La nouvelle rébellion guidée
par Bosco Ntaganda - recherché par le tribunal pénal international de la Haye
où il se trouve maintenant - et soutenue par le Rwanda et l'Ouganda, est née
pour réclamer l'application – non réalisée d’après eux - des accords de 2009.
Après une série
multiple d'attaques et de retraites, à la fin de novembre 2012, le M23 a occupé
Goma pendant 10 jours, puis il s'est retiré à quelques kilomètres au nord
de Goma, et il a continué à occuper militairement et à exploiter économiquement
une bonne partie de la région du Nord Kivu.
Sur pression
internationale, gouvernement et rebelles se sont rencontrés à Kampala sans
arriver à un accord. Les pays de la région des Grands Lacs ont décidé d'envoyer
à Goma une force d'intervention africaine, qui devrait réduire tous les groupes
armés (dernièrement on en a recensé 27, mais d’autres naissent chaque jour).
Cette force est en train d'arriver, elle devrait être opérationnelle dans trois
mois.
Pour en empêcher ou
en retarder l'intervention - c'est notre hypothèse – lundi 20 mai le M23
a lancé une attaque contre les forces armées gouvernementales à Kibati, 12 km
au nord de Goma. Ainsi a commencé un énième exode de réfugiés, surtout de
femmes et d’enfants qui cherchent un peu de sécurité et qui arrivent, entre
autres, au Centre Don Bosco Ngangi.
À Goma, la nuit
suivante a été tranquille, et mardi les écoles ont été ouvertes comme
d’habitude, mais à Kibati (12 km au nord) on entend tirer. Il y n'a évidemment
pas de nouvelles précises de ce qui s’est passé, chaque camp accuse l'autre
d'être à l'origine de la fusillade d'hier. Il y n'a pas de négociations en
cours.
Au Centre Don Bosco,
tout le monde va bien ; nous continuons à faire notre travail. On nous a
demandé si nous pourrions accueillir des réfugiés, comme nous l’avons fait il y
a six mois. J'ai répondu qu'en cas d'extrême urgence, nous pouvons le faire;
pour le moment, nous sommes à quelques semaines de la fin de l'année
scolaire, nous voudrions que les élèves de nos écoles puissent la terminer à
peu près normalement.
Pour le moment, nous
attendons de savoir comment vont évoluer les événements. Aidez-nous de votre
prière. Si vous avez des contacts avec des ministre et des parlementaires,
dites-leur de ne pas oublier cette population qui subit une guerre sans savoir
pourquoi. (…) Aidez nous avec votre prière. Si vous connaissez des ministres ou
des parlementaires, dites-leur qu'ils n'oublient pas cette population qui subit
une guerre sans savoir pourquoi.
Dans ses lettres, le
P. Gavioli rappelle un message envoyé le 6 mai dernier par Mgr Théophile Kaboy,
évêque de Goma, où le prélat dénonçait le climat d’insécurité qui règne dans la
région depuis deux semaines déjà, avec impossibilité pour les femmes et les
paysans de travailler dans les champs par crainte de violences, d’enlèvements
des mineurs pour les enrôler dans les milices ou leur faire subir des abus
sexuels, par crainte d’extorsions, de prises d’otages dans le but d’une rançon,
et de manifestations tribales.
Le P. Pascual Chávez
a répondu au P. Gavioli depuis Fatima où, durant le dernier week-end, il a
rencontré les jeunes et la Famille Salésienne, qu’il a confié la population de
Goma et de toutes les régions en guerre à la protection de la Vierge Marie. Le
Recteur Majeur a aussi assuré qu’il contacterait ministres et parlementaires
afin que la population de Goma ne soit pas oubliée, et a promis également que
Goma serait au centre de ses prières au cours de la célébration du 24 mai au
Valdocco pour la fête de Notre Dame Auxiliatrice.
Publié le 22/05/2013