jeudi 8 novembre 2012

FAMILLE SALESIENNE

SOUDAN

LES DEUX "SOUDANS":

L’EXPÉRIENCE DU PÈRE FERRINGTON
 
Un Salésien parle


En marge de la XIème Conférence des Provinces et Quasi-Provinces de l’Afrique-Madagascar (CIVAM), qui a eu lieu à Rome du 16 au 20 octobre 2012, le Père Poobalarayen Ferrington, Délégué de la Province Afrique- Est pour le Soudan et le Sud Soudan, a raconté à ANS la réalité actuelle dans les deux pays.

En quelle ambiance grandissent aujourd’hui les jeunes du Sud Soudan? Y a-t-il davantage de problèmes ou d’opportunités  qu’avant l’indépendance?

Nous devons considérer deux aspects. Le premier, c’est que du point de vue moral il y a maintenant un milieu favorable à la croissance des jeunes. Il y a de la liberté dans l’air. Auparavant les habitants du Soudan du sud étaient des citoyens exclus. Ils étaient chrétiens africains, sous le gouvernement de Karthoum, arabe-islamiste. Maintenant le Sud Soudan est pays indépendant.

Le deuxième aspect, c’est le peu d’opportunités pour l’avenir. Le gouvernement du nord a emporté avec lui, au moment de la séparation, tous les instruments et organismes qui favorisent  la vie sociale et culturelle. Le pays est comme un enfant qui apprend à marcher. Ecoles, Universités n’ont plus personne pour les faire fonctionner. De plus, tout est concentré dans la capitale, Juba. A l’intérieur du pays, on manque de tout. Pas d’électricité, parfois même pas de maisons, puisque nombreux sont les réfugiés qui arrivent du nord.

La situation de conflit le long de la frontière entre les deux États a-t-elle été résolue?

Au cours des deux derniers mois, il n’y a plus eu d’affrontements pour le contrôle des puits de pétrole dont la zone est riche. Les chefs, aussi bien du Soudan que du Sud Soudan,  cherchent en Éthiopie, des accords  pour trouver une solution avantageuse pour les deux peuples. Il y a toutefois encore des bombardements aériens sur la frontière qui sépare les deux états, dans les régions des Monts Nouba et du Nil Bleu. Les gens de ces territoires voudraient faire partie du Sud Soudan. Il présente davantage d’affinités du point de vue culturel. Les actions de quelques rebelles provoquent  le gouvernement qui répond par les bombes…Et les victimes sont toujours plus nombreuses, surtout parmi les enfants et les femmes.

Quelles œuvres ont les salésiens dans ces deux pays?

Nous avons  sept communautés en tout, quatre au sud et trois au nord. Au Sud Soudan, chaque œuvre a une paroisse. Nous avons également des écoles primaires, deux écoles secondaires, un dispensaire médical et une radio qui nous permet d’atteindre les gens dans les villages les plus éloignés. Nous avons aussi une vingtaine de petites écoles locales. Au Soudan, nous avons une paroisse à Karthoum. Elle suit  particulièrement les chrétiens réfugiés venus ici à cause du conflit. Nous avons un centre de professionnalisation pour les jeunes ayant des précédents pénaux, et des écoles techniques et professionnelles. Environ 95% de nos étudiants sont de religion islamique.

Dans les deux pays travaillent les missionnaires de nombreuses Congrégations religieuses. Existe-t-il des formes de collaboration et de travail en réseau?

Au Sud Soudan, au cours de la guerre, nous  restions originaires de cinq groupes religieux. Maintenant, tout compris, ordres féminins et masculins, nous sommes là une quinzaine. Le souci de mener l’action ensemble est impressionnant! Dans  toutes nos  rencontres,  on se confronte, on échange les expériences, les projets d’apostolat... Il y a une grande unité et solidarité entre nous, aussi bien au Soudan qu’au Sud Soudan.  Une seule raison à cela. Nous faisons partie de ces gens, nous travaillons avec eux et pour eux. Ce qui les unit, la pauvreté, la misère, la souffrance, nous unit aussi. Il y a là une solidarité impressionnante, que je n’ai vu ni en Tanzanie, ni au Kenya. Au Soudan, nous sommes peu nombreux et cela est notre dénominateur commun. Nous partageons les angoisses, mais aussi les aides pratiques devant les difficultés. Nous partageons au point de vue économique. Nous partageons même  pour les visas.

(D’après ANS – Rome, 26/10/2012 - RMG -)

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