LES DEUX "SOUDANS":
L’EXPÉRIENCE DU PÈRE
FERRINGTON
Un Salésien parle
En quelle ambiance
grandissent aujourd’hui les jeunes du Sud Soudan? Y a-t-il davantage de
problèmes ou d’opportunités qu’avant
l’indépendance?
Nous devons
considérer deux aspects. Le premier, c’est que du point de vue moral il y a maintenant
un milieu favorable à la croissance des jeunes. Il y a de la liberté dans
l’air. Auparavant les habitants du Soudan du sud étaient des citoyens exclus.
Ils étaient chrétiens africains, sous le gouvernement de Karthoum,
arabe-islamiste. Maintenant le Sud Soudan est pays indépendant.
Le deuxième aspect,
c’est le peu d’opportunités pour l’avenir. Le gouvernement du nord a emporté
avec lui, au moment de la séparation, tous les instruments et organismes qui
favorisent la vie sociale et culturelle.
Le pays est comme un enfant qui apprend à marcher. Ecoles, Universités n’ont
plus personne pour les faire fonctionner. De plus, tout est concentré dans la
capitale, Juba. A l’intérieur du pays, on manque de tout. Pas d’électricité,
parfois même pas de maisons, puisque nombreux sont les réfugiés qui arrivent du
nord.
La situation de
conflit le long de la frontière entre les deux États a-t-elle été résolue?
Au cours des deux
derniers mois, il n’y a plus eu d’affrontements pour le contrôle des puits de
pétrole dont la zone est riche. Les chefs, aussi bien du Soudan que du Sud
Soudan, cherchent en Éthiopie, des
accords pour trouver une solution
avantageuse pour les deux peuples. Il y a toutefois encore des bombardements
aériens sur la frontière qui sépare les deux états, dans les régions des Monts
Nouba et du Nil Bleu. Les gens de ces territoires voudraient faire partie du
Sud Soudan. Il présente davantage d’affinités du point de vue culturel. Les actions
de quelques rebelles provoquent le
gouvernement qui répond par les bombes…Et les victimes sont toujours plus
nombreuses, surtout parmi les enfants et les femmes.
Quelles œuvres ont
les salésiens dans ces deux pays?
Nous avons sept communautés en tout, quatre au sud et
trois au nord. Au Sud Soudan, chaque œuvre a une paroisse. Nous avons également
des écoles primaires, deux écoles secondaires, un dispensaire médical et une
radio qui nous permet d’atteindre les gens dans les villages les plus éloignés.
Nous avons aussi une vingtaine de petites écoles locales. Au Soudan, nous avons
une paroisse à Karthoum. Elle suit
particulièrement les chrétiens réfugiés venus ici à cause du conflit.
Nous avons un centre de professionnalisation pour les jeunes ayant des
précédents pénaux, et des écoles techniques et professionnelles. Environ 95% de
nos étudiants sont de religion islamique.
Dans les deux pays
travaillent les missionnaires de nombreuses Congrégations religieuses.
Existe-t-il des formes de collaboration et de travail en réseau?
Au Sud Soudan, au
cours de la guerre, nous restions
originaires de cinq groupes religieux. Maintenant, tout compris, ordres féminins
et masculins, nous sommes là une quinzaine. Le souci de mener l’action ensemble
est impressionnant! Dans toutes nos rencontres,
on se confronte, on échange les expériences, les projets d’apostolat...
Il y a une grande unité et solidarité entre nous, aussi bien au Soudan qu’au
Sud Soudan. Une seule raison à cela. Nous
faisons partie de ces gens, nous travaillons avec eux et pour eux. Ce qui les
unit, la pauvreté, la misère, la souffrance, nous unit aussi. Il y a là une solidarité
impressionnante, que je n’ai vu ni en Tanzanie, ni au Kenya. Au Soudan, nous sommes
peu nombreux et cela est notre dénominateur commun. Nous partageons les
angoisses, mais aussi les aides pratiques devant les difficultés. Nous
partageons au point de vue économique. Nous partageons même pour les visas.
(D’après ANS – Rome, 26/10/2012 - RMG -)
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