lundi 15 octobre 2012

POLITIQUE


ROME
 

Canonisation du prêtre français
 
Jacques Berthieu

L’agenda officiel du ministre de l’intérieur indique qu’il se rendra au Vatican dimanche 21 octobre pour la canonisation de ce jésuite qui vécut longtemps à Madagascar

« Dimanche 21 octobre 2012. 8h30 : Canonisation de Père Berthieu à Rome ». L’agenda prévisionnel de Manuel Valls diffusé vendredi 12 octobre 2012 aux journalistes précise qu’il assistera aux cérémonies prévues par le Vatican en l’honneur du « premier saint de Madagascar et de l’Océan Indien ».

La présence d’un membre du gouvernement est de tradition pour une canonisation de français. Ces dernières semaines, Manuel Vals a multiplié les gestes en direction des religions, y compris les catholiques.


Né le 27 novembre 1838 à Polminhac, dans le Cantal dans une famille de fermiers, Jacques Berthieu fait ses études au séminaire de Saint-Flour (Cantal). Il est ordonné prêtre diocésain le 21 mai 1864 puis nommé vicaire de Roannes-Saint-Mary. Il resta au service de ce diocèse de 1864 à 1873. Puis il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus, en 1873. Il suit les études de théologie à Vals. Très vite, il affirme une vocation de missionnaire. Ses supérieurs l’envoient à Madagascar deux ans plus tard.

21 années d’apostolat dans l’Océan Indien

Il effectuera 21 années d’apostolat dans l’Océan Indien, d’abord dans l’île de Nosy Boraha, une île (française) au large de la côte nord-ouest du Madagascar, pour y étudier la langue malgache. Avec deux autres jésuites et les Sœurs de Saint Joseph de Cluny il forme une équipe missionnaire dynamique.

Le 29 mars 1880, les jésuites étant expulsés de tous les territoires français, les lois républicaines de Jules Ferry le contraignent à quitter sa mission et à rejoindre la grande île de Madagascar, alors royaume indépendant. Enfin, en 1883 les guerres tribales des Hovas contre les troupes coloniales (première guerre franco-malgache) le forcent à nouveau à quitter son village, il se rend à Tamatave comme aumônier militaire.

En 1896 il est confronté a une insurrection politico-religieuse du mouvement Menalamba, opposé au christianisme et au pouvoir français. Arrepté le 8 juin, il reçoit un coup de hache sur le front. Il refuse l’apostasie et accepte d’être fusillé à Ambiatibe (à 60 kilomètres de Tananarive).

Déclaré martyre en 1964, il est proclamé bienheureux le 17 octobre 1965, pendant le concile Vatican II. Benoît XVI a, le 19 décembre 2011 dernier, autorisé la Congrégation pour les causes des Saints à promulguer le décret lui reconnaissant un miracle. Il sera canonisé par le pape le 21 octobre 2012, à l’occasion de la journée mondiale des missions.

A-B.H. dans la Croix (avec" jesuites.com")
 
LE REGARD DE "MONDEACONSTRUIRE"
Monsieur le ministre français de l'intérieur, Manuel Valls, annonce sa participation à cette canonisation. Cette représentation de l'Etat laïc à une célébration de l'Eglise catholique peut être regardée comme un de ces "signes des temps" que les "50 ans" du Concile Vatican II nous rappellent ces jours-ci.
Monsieur le Ministre connaît l'Histoire de son pays. Il se souvient des lois républicaines de Jules Ferry du 29 mars 1880, qui expulsèrent les jésuites, non seulement de la France, mais aussi de tous les territoires devenus "français" par ce qu'on appelait alors la "colonisation".  
"Signe des temps", cette démarche qui invite un Etat laïc à saluer officiellement un de ses fils comme "martyr", 132 ans après l'avoir expulsé de son propre territoire ? "Intérêt politique", peut-être ! Peut-être aussi, humble chemin de "nouvelle évangélisation"!
                                      Jean Baptiste Beraud, sdb  
 

 

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