jeudi 26 avril 2012

POLITIQUE


CAMEROUN

La république de Kondengui

Par Patrice Nganang, écrivain - 17/04/2012

                                                  dans le Journal du Cameroun.Com

"Avec l’arrestation de Marafa Hamidou Yaya et de Inoni Ephraim, le Cameroun se retrouve soudain avec deux républiques comme la Côte d’ivoire jadis : une au soleil et une autre à l’ombre ; une, la république d’Etoudi, où siège le tyran, et l’autre au bout de la ville, la république de Kondengui dont la composition du gouvernement sera complétée d’ici peu par cinq autres à arrêter. Il est de la nature des régimes que nous a légué la France que le changement ne s’y opère que de manière brutale, sous la forme d’un coup d’Etat en réalité, quand les structures de la démocratie ne sont pas installées dans les textes comme dans les institutions comme c’est le cas dans une certaine mesure au Sénégal et au Benin. Dans tel régimes clos, seul la disgrâce de hauts fonctionnaires de l’Etat les transforme en présidentiables, quand ce n’est pas un coup d’Etat qui impose un homme neuf."

LE REGARD DE "MONDEACONSTRUIRE"

"Kondengui" est le nom du quartier de Yaoundé où se trouve la prison principale de la capitale.
Sous le motif de "barrer la route à la corruption" qui sévit depuis des années, de haut en bas, sur l'ensemble du territoire camerounais, M. Paul Biya, à la tête de l'Etat depuis 30 ans, a lancé ce qu'il appelle "l'opération Epervier". Elle consiste pratiquement à arrêter toutes les personnes accusées d'avoir détourné les Biens de l'Etat. Ces gens se retrouvent dans cette prison de Kondengui. Les arrestations en haut lieu se sont multipliées, et actuellement Kondengui compterait déjà parmi ses pensionnaires une vingtaine de hauts responsables de l'Etat. Parmi eux, pas moins de dix anciens ministres, dont, lors de la dernière opération, M. Ephraïm Inoni, premier ministre durant de très longues années, jusqu'à son remplacement, il y a peu.
Quelle est la responsabilité exacte de ces "prisonniers" ? Les deux derniers arrêtés de cette semaine, M. Inoni et M. Marafa passent pour avoir été des hommes de confiance du Président Biya. M. Marafa a exprimé, quoique discrètement, il y a quelques semaines, sa "disponibilité" pour les plus hautes responsabilités de l'Etat. M. Inoni passe aux yeux de beaucoup comme un "homme d'Etat" de grande capacité, et de proximité du petit peuple. Il s'est trouvé un certain nombre de fois, comme le représentant du Chef de l'Etat dans des cérémonies religieuses de la cathédrale de Yaoundé, ou comme son envoyé pour une ordination épiscopale.
On constate dans plusieurs organes de la presse camerounaise une certaine interrogation vis à vis de Monsieur Paul Biya, dont le nom s'accompagne facilement ces derniers temps de celui de  "Tyran" ou de "Machiavel".
Lourde aussi, une autre interrogation ! Cette "opération Epervier" touche-t-elle les vrais "prédateurs"de l'Etat ? On se souvient d'une accusation sur les "Biens mal acquis", qui n'a toujours pas de réponse.
                                                      Pierre Jarret



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