"Dans notre
vie, nous savons ce que s’est d’aimer : je n’ai jamais réalisé comme à la
mort de Gaby à quel point les jeunes font partie de notre vie. J’ai pris part à
la douleur de son départ au même titre que ses parents. Don Bosco nous a
dit : « Aimez vos jeunes. » A cette mort, c’était la minute
de vérité.
Le premier
Salésien que j’ai rencontré m’avait dit : « Tu verras, tout ne
sera pas rose… Il y aura des soirs où tu n’en pourras plus de fatigue, où tu
auras envie de tout laisser… » C’est vrai. Enseigner depuis quinze ans les
mêmes choses , sans pouvoir facilement se renouveler : concilier
péniblement le lourd travail de professeur avec toutes les autres tâches ;
rencontrer bien des obstacles aux rapports fraternels, cela pèse. Mais je pense
que pendant vingt-deux années, j’ai eu la chance de vivre dans une grande
famille de travailleurs et d’être de plus en plus arraché à moi-même, comme
doit l’être un père de famille nombreuse… C’est terriblement exigeant, mais
c’est tellement épanouissant…
Il y a bien
des secteurs pour un prêtre : missions, monastère, milieu ouvrier ou rural…
Je suis heureux, profondément, d’être là, au contact des jeunes de 6 heures du
matin à 11 heures du soir : prêtre en classe (c’est valable), prêtre en
cour (c’est possible), prêtre à la chapelle (c’est normal), prêtre dans les
entretiens personnels, me disant qu’à chaque rencontre c’est Emmaüs : à
travers moi, disponible ou refusé, le Seigneur passera ou sera invisible."
Antoine
TANGUY, rédigé dans un catalogue de salésiens français en 1965
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