mardi 5 juillet 2016

FAMILLE SALESIENNE


TANGUY Antoine 1965

Dans « Rendez-vous pour demain », catalogue de jeunes salésiens français, rédigé en 1965,

Antoine Tanguy écrit en page 44 de cet opuscule, depuis la Maison salésienne française de COAT-AN-DOC’H , 22 – PLOUAGAT. 

« SOIXANTE- SEPT KILOS »

 67 kilos au départ, à dix-huit ans… 67 kilos à quarante ans (la mi-route ?) … Je peux dire que Don Bosco ne m’a pas empâté.

Que m’a- t-il demandé pour continuer son action et me garder en forme ?

Je suis professeur de troisième – l’âge des non-installés. Au cours des années, j’ai  rencontré , dans cette classe, plus de trois cents garçons, essayant de les aider à aimer leur travail, à s’ouvrir à leurs camarades, à être attentifs à la vie  du monde  et à expérimenter qu’ « il y a plus de joie à donner qu’à recevoir » et que « c’est meilleur lorsque c’est partagé ». A travers les grandes œuvres littéraires, on apprend le respect de la pensée d’autrui, le respect de son expression. »

Prêtre, je suis chargé d’animer (avec d’autres, bien sûr) la vie spirituelle de la maison. Elle est exigeante : les garçons choisissent de venir ici pour y vivre en chrétiens et beaucoup se préparent à être prêtres. Je suis heureux lorsque nous prions vraiment ensemble, à la messe, et ne regrette pas si j’ai passé du temps pour la préparer.

Je suis heureux lorsque François m’écrit qu’il a été lui-même capable d’animer la messe dans sa paroisse et aide à former une équipe liturgique. Heureux quand cela devient l’affaire des garçons. J’aime jouer, faire du sport : cela permet d’être très proches les uns des autres, plus spontanés et plus vrais ; on a vite fait de reconnaître celui qui ne va pas et qu’il faut soutenir.

Père spirituel, j’ai vu des visages inquiets, douloureux, fermés, retrouver la joie, reprendre souffle au contact du Seigneur. J’ai vu des transformations étonnantes et de grandes générosités : Marcel qui sacrifie un mois de vacances en montagne pour aider à travailler un jeune camarade ; Jean-Paul qui prend en charge un compagnon en pleine crise sentimentale et religieuse. Tous les soirs, des garçons viennent : on cherche un livre, on parle ; dans les rencontres, je reçois au moins autant que je puis apporter. Parfois, je me trouve moi-même pris par le découragement ou le doute : « A quoi sert tout ce que tu fais, ce gaspillage de paroles, d’entretiens, d’absolutions, de messes ? »  . Mais un garçon arrive abattu, et il faut lui dire une parole, qui est aussi pour moi : « Voilà ce qui nous arrive quand nous nous replions sur nous-mêmes, et nous regardons trop… Il faut nous tourner vers ceux qui nous entourent, comme le Christ sur sa croix qui s’occupe du voleur. »

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