TANGUY Antoine 1965
Dans « Rendez-vous
pour demain », catalogue de jeunes salésiens français, rédigé
en 1965,
Antoine Tanguy écrit en page 44 de
cet opuscule, depuis la Maison salésienne française de COAT-AN-DOC’H , 22 – PLOUAGAT.
« SOIXANTE- SEPT KILOS »
67 kilos au départ, à dix-huit ans… 67 kilos à
quarante ans (la mi-route ?) … Je peux dire que Don Bosco ne m’a pas
empâté.
Que m’a-
t-il demandé pour continuer son action et me garder en forme ?
Je suis
professeur de troisième – l’âge des non-installés. Au cours des années,
j’ai rencontré , dans cette classe, plus
de trois cents garçons, essayant de les aider à aimer leur travail, à s’ouvrir
à leurs camarades, à être attentifs à la vie
du monde et à expérimenter
qu’ « il y a plus de joie à donner qu’à recevoir » et que
« c’est meilleur lorsque c’est partagé ». A travers les grandes
œuvres littéraires, on apprend le respect de la pensée d’autrui, le respect de
son expression. »
Prêtre, je
suis chargé d’animer (avec d’autres, bien sûr) la vie spirituelle de la maison.
Elle est exigeante : les garçons choisissent de venir ici pour y vivre en
chrétiens et beaucoup se préparent à être prêtres. Je suis heureux lorsque nous
prions vraiment ensemble, à la messe, et ne regrette pas si j’ai passé du temps
pour la préparer.
Je suis
heureux lorsque François m’écrit qu’il a été lui-même capable d’animer la messe
dans sa paroisse et aide à former une équipe liturgique. Heureux quand cela
devient l’affaire des garçons. J’aime jouer, faire du sport : cela permet
d’être très proches les uns des autres, plus spontanés et plus vrais ; on
a vite fait de reconnaître celui qui ne va pas et qu’il faut soutenir.
Père
spirituel, j’ai vu des visages inquiets, douloureux, fermés, retrouver la joie,
reprendre souffle au contact du Seigneur. J’ai vu des transformations
étonnantes et de grandes générosités : Marcel qui sacrifie un mois de
vacances en montagne pour aider à travailler un jeune camarade ; Jean-Paul
qui prend en charge un compagnon en pleine crise sentimentale et religieuse. Tous
les soirs, des garçons viennent : on cherche un livre, on parle ;
dans les rencontres, je reçois au moins autant que je puis apporter. Parfois,
je me trouve moi-même pris par le découragement ou le doute : « A
quoi sert tout ce que tu fais, ce gaspillage de paroles, d’entretiens,
d’absolutions, de messes ? » .
Mais un garçon arrive abattu, et il faut lui dire une parole, qui est aussi
pour moi : « Voilà ce qui nous arrive quand nous nous replions sur
nous-mêmes, et nous regardons trop… Il faut nous tourner vers ceux qui nous
entourent, comme le Christ sur sa croix qui s’occupe du voleur. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire