ISRAEL
Une première victoire
pour les salésiens de Crémisan
face à la barrière
israélienne
La Cour suprême
israélienne vient de suspendre la construction du mur de séparation dans la
vallée de Crémisan et somme l’armée israélienne de définir un nouveau tracé.
Cette décision
apparaît comme une victoire pour la communauté salésienne sur place qui
risquait de voir ses terres divisées par le mur.
En quoi le projet israélien de
mur de séparation menace-t-il la vallée de Crémisan ?
D’apparence paisible et agricole, la vallée
de Crémisan et ses 170 hectares sont, depuis 2006, le théâtre d’un imbroglio
judiciaire. L’armée israélienne, avec sa « barrière de sécurité », ce
mur de béton qui peut atteindre huit mètres de haut, perçu comme un serpent de
mer divisant les communautés, prévoyait de morceler la vallée.
Les deux options envisagées pour le tracé
du mur ont pour point commun de couper en leur cœur les terres des sœurs
salésiennes installées sur place. La première prévoyait de laisser leur école
et le couvent, côté palestinien. Mais, tel un îlot improbable longé par le
« mur de l’apartheid », comme le nomment les Palestiniens, le seul
accès dont disposerait le couvent à ses terres serait une porte gardée par des
soldats. La seconde envisageait de placer les salésiennes du côté israélien, ce
qui n’aurait rien changé : le mur de béton n’aurait pas disparu. Le check-point
pour se rendre à l’école non plus.
Les
évêques catholiques de Terre sainte se sont emparés de la question en 2012, condamnant
avec fermeté le principe d’un mur. Car, pour le Patriarcat latin de Jérusalem,
« Crémisan (…) est le poumon principal sans lequel la population de
Bethléem ne peut pas respirer. (…) Le projet de construction du mur [mettrait]
davantage de pression dans les rangs des chrétiens qui vivent à
Bethléem. » Au risque également de voir un grand nombre des chrétiens
concernés « prendre la décision de quitter la Terre Sainte ».
Quelle
ont été les principales étapes de la bataille judiciaire ?
Dès
2006, la Société Saint-Yves, une association catholique de défense des droits
de l’homme, a porté devant la justice cette portion du tracé. C’est que, comme
l’expliquait le Patriarcat latin de Jérusalem, dans un communiqué
d’octobre 2012, un tel projet reviendrait à placer les 450 enfants
dont s’occupent les sœurs salésiennes « dans une école à l’aspect
carcéral ». En outre, le tracé prévoit aussi d’isoler Bethléem et Beit
Jala et les villages voisins de la vallée, privant ainsi 58 familles, pour la
plupart chrétiennes, de leurs terrains.
Malgré les voix qui s’élèvent, l’avis
consultatif de la Cour internationale de justice notifiant l’illégalité du mur
et après sept années de procédures acharnées, la justice israélienne s’était
prononcée en faveur de sa construction courant avril 2013. Ce qui avait
pour conséquence de placer les salésiennes côté israélien et de diviser la
vallée. Rejetant en bloc les recours présentés par les propriétaires fonciers
de la vallée et par la Société Saint-Yves, la commission spéciale d’appel
israélienne, qui a pour charge de statuer sur les questions relatives aux
confiscations de terres, expliquait alors qu’il s’agit d’une « solution
raisonnable qui prend en compte les besoins, en termes de sécurité, de l’État
d’Israël d’une part et la liberté de religion ainsi que le droit à l’éducation
d’autre part ».
Que
vient de décider la Cour Suprême israélienne ?
Après la décision de la commission spéciale
d’appel israélienne, un nouveau recours avait été déposé auprès de la Cour
suprême, la plus haute instance judiciaire israélienne. Les juges se sont
réunis le 4 août pour valider ou non le tracé du mur dans cette région au
sud de Jérusalem. Et le verdict, rendu public une semaine plus tard, enjoint
aux autorités israéliennes de définir un nouveau tracé avant le
4 septembre. Une victoire évidente pour la communauté salésienne, même
s’il faut attendre la nouvelle proposition de l’armée israélienne. « Cette
décision de justice ne peut pas être considérée comme finale, a tempéré Tzvi
Avni, l’avocat des sœurs salésiennes. Mais la Cour a pris en considération
l’importance du respect des droits et des libertés religieuses ainsi que de
l’unité des couvents salésiens. »
Joseph
DAUCE, dans le quotidien "la CROIX" de ce jour
Texte transmis aimablement par Pierre CHOPIN, sdb
Nous rappelons que déjà, il y a quelques années, la CROIX avait signalé, que les salésiens s'étaient opposés au passage d'une autoroute à travers le domaine viticole de Crémisan qui fait vivre de nombreux travailleurs palestiniens.
Nous pouvons signaler aussi que le Patriarche Latin de Jérusalem est Mgr Fouad, Jordanien, auparavant évêque de Tunis, où il a bien connu déjà salésiennes et salésiens.
Pierre Jarret
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