Mgr HERVE GIRAUD
Hommage à XAVIER THEVENOT, sdb
« Autrement dit » telle était
l’expression de Xavier Thévenot que j’avais retenue pour ma thèse… qui ne vit
jamais le jour ! Xavier l’employait souvent et elle me sert désormais
quotidiennement, depuis plus de dix ans, dans mon ministère épiscopal. Par sa
connaissance des sciences humaines, ce salésien avait le don de rendre
accessibles des vérités morales, pastorales ou spirituelles. Comme évêque je
pense souvent à cet « autrement dit » pour exprimer la foi
avec les mots, les images, les événements d’aujourd'hui. C’était tout l’aspect
éducatif de Xavier, si essentiel dans une mission épiscopale dont l’autorité
n’a pour but que de faire grandir dans le Christ.
une distance qui n'est pas extériorité
Son héritage réside également en des mots
importants de mon ministère. Xavier parlait de médiation, cette
médiation si utile pour réconcilier et faire vivre la communion. Il évoquait
aussi la chasteté pastorale pour vivre une distance qui ne soit pas
extériorité dans le rapport avec les gens. La finitude était aussi un
thème important pour rester dans une logique d’incarnation et d’attention à la
réalité. Mais le mot qu’il a peut-être le plus développé est celui d’humanisation
pour que la divinisation baptismale s’extériorise, pour que la foi se développe
en amour, amour qu’il a lui-même vécu dans la souffrance, en nous invitant à ne
pas aimer la souffrance.
« Xavier Thévenot m’a donné le sens de la proximité, de l’écoute, de l’humanité »
Son héritage se manifeste aussi à travers des trilogies
qui nourrissent ma réflexion. Il aimait dire qu’il fallait circuler dans
les mystères du rosaire pour aider les gens à ne pas se complaire dans un état,
circuler dans la Trinité pour vivre les relations d’une manière différenciée
(en famille, dans le travail, dans l’Église). Il invitait aussi à circuler dans
le Triduum pascal pour apprendre à traverser chaque épreuve personnelle ou
pastorale moins comme un travail de deuil qu’un travail de Pâques. Il en était
encore de même pour les vertus théologales (foi, espérance, charité), ainsi que
pour le vrai, le beau, le bon. Mais son apport le plus décisif aura été celui
de l’articulation entre les trois dimensions de la morale : l’universel,
le particulier et le singulier. Il circulait entre les principes généraux
universels, les normes morales et la prise en compte de la personne singulière.
Avec lui, j’ai appris qu’une
morale
est toujours en situation
Son héritage se présente ainsi comme des repères
de morale, repères dont il avait compris la nécessité pour redire le rôle
de la conscience et celui de la loi (notamment la loi naturelle). Avec lui j’ai
appris qu’une morale est toujours en situation pour ne pas être une
morale de situation, qu’une sainteté pastorale se vit avec ses
imperfections. Là aussi il utilisait des trilogies : trois interdits
fondamentaux (fusion, meurtre, mensonge) ; trois fonctions de la sexualité
(relationnel, procréatrice, plaisir) ; trois rocs du réel (espace, temps,
sexe).
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