vendredi 15 janvier 2016

POLITIQUE


ETTY HILLESUM

Juive hollandaise décédée à AUSCHWITZ en 1943

« Oui, la détresse est grande, et pourtant il m’arrive souvent,
le soir, quand le jour écoulé a sombré derrière moi dans les
profondeurs, de longer d’un pas souple les barbelés, et
toujours je sens monter en mon cœur – je n’y puis rien, c’est
ainsi, cela vient d’une force élémentaire – la même
incantation : la vie est une chose merveilleuse et grande.
Après la guerre, nous aurons à construire un monde
entièrement nouveau, et, à chaque nouvelle exaction, à
chaque nouvelle cruauté, nous devrons opposer un petit
supplément d’amour et de bonté à conquérir sur nous-mêmes.

Nous avons le droit de souffrir mais non de succomber à la
souffrance. Et si nous survivons à cette époque, indemnes de
corps et d’âme, d’âme surtout, sans amertume, sans haine,
nous aurons aussi notre mot à dire après la  guerre. »

 

( Extrait d’ « Une vie bouleversée », suivi de « Lettres de
Westerbork, Journal 1941-1943 » d’Etty Hillesum )
(Points, 361p. 21 eu)

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