ARCHIVES ATE N°5
CENTRAFRIQUE :
"SAUVER LE PEUPLE DE L'ASPHYXIE"
Les évêques lancent un appel vibrant pour la paix (Bangui,
14 Février 2013)
« Brisons les liens de la mort et sauvons le Peuple
Centrafricain de l'asphyxie. »
Depuis la
dernière crise militaro-politique que vient de connaître notre pays, Nous
Evêques de Centrafrique, sommes restés solidaires et près du peuple pour
partager les peines et les difficultés endurées par cette population meurtrie
dans sa chair. Cependant nous constatons que les accords de Libreville du 11
janvier 2013, tardent à se réaliser pleinement. C’est la raison pour laquelle
nous nous engageons à lancer un vibrant appel au Gouvernement d’Union
Nationale, à la CEEAC, à la Communauté Internationale, et aux personnes de
bonne volonté en vue d’oeuvrer instamment pour mettre fin à la souffrance du
peuple Centrafricain.
I. Réalités présentes :
Depuis ces
derniers évènements, une grande partie des régions de Centrafrique est occupée
par la rébellion armée. Les populations vivent dans la peur. Elles sont
dispersées dans la brousse ; elles ne peuvent plus vaquer librement à ses
occupations ; les activités champêtres sont abandonnées.
Dans les
villes occupées, des malades se retrouvent sans soins ; les hôpitaux sont
fermés ou complètement détruits, des bâtiments scolaires ont été saccagés,
pillés et par endroit complètement détruits. Inévitablement, la scolarité de
milliers et de milliers d’enfants est compromise. Le droit inviolable à
l’intégrité physique de la personne humaine, notamment en ce qui concerne les
jeunes filles et les femmes, n’est plus respecté. Nombre de jeunes filles et de
femmes ne cessent de faire l’objet de viol.
D’autres
actes notoirement déplorables sont les infrastructures de l’état et les
édifices religieux qui sont saccagés, pillés, profanés et les voitures
emportées. Les quelques unités de production existantes ont été vandalisées,
les biens et les propriétés des citoyens ne sont plus sécurisés ; des villages
incendiés.
II. Plan d’action
Doit-on
continuer à soumettre le peuple à de telles conditions de vie si inhumaines et
humiliantes qui, pourtant, ont préalablement fait l’objet de plusieurs
discussions et dialogues ?
Nous en
appelons à votre sens de patriotisme : libérez rapidement et sans délai ce peuple
qui ne veut que la paix pour vaquer à ses occupations. Le peuple meurtri qui
crie en silence et dont la voix est étouffée n’en peut plus. Il exprime son
exaspération face à toutes les exactions qu’on lui impose depuis le mois de
décembre de l’année dernière.
A cet effet,
nous recommandons :
Au Médiateur
de la CEEAC, à la Communauté Internationale, aux ambassadeurs accrédités en
Centrafrique, au BINUCA, à la CEEAC d’aider rapidement pour que :*
Les routes
soient ouvertes afin de faciliter la libre circulation du peuple centrafricain.
Car les gens meurent de faim, ils sont asphyxiés, ils n’ont plus de
ravitaillement ni en carburant, ni en denrées alimentaires, ni en médicaments
essentiels.
Les réseaux
téléphoniques soient rétablis dans les zones occupées, car on ne peut pas
priver tout un peuple de son droit de communiquer.
Le
Gouvernement assume sa responsabilité et garantisse la sécurité des religieux,
religieuses et de tout citoyen centrafricain.
Les
responsables des différentes factions rebelles qui sont dans les zones occupées
mettent immédiatement fin aux vols et viols, aux actes de vandalisme, aux
tueries et aux exactions sur le peuple centrafricain, les religieux et surtout
sur les bâtiments et les édifices publics et religieux.
III Conclusion
Nous vous
mettons devant votre conscience et votre responsabilité: les populations sont
déplacées, elles vivent dans la terreur et l’angoisse. Des innocents
centrafricains sont tués, égorgés comme des animaux. TROP C’EST TROP. NOUS
SOMMES FATIGUES. LE PEUPLE EST LAS DE TOUTES CES SOUFFRANCES INUTILES,
DESTRUCTRICES.
Cette
situation doit changer. Le peuple centrafricain a le droit de vivre en paix
dans son pays et vaquer sans inquiétude à ses occupations. Nous exigeons le
respect de la parole donnée et de la Constitution.
Que ce début
de carême soit pour chacun un temps de conversion des coeurs afin de faire
sortir ce peuple pris en otage et qui attend de nous une libération totale ; la
paix qui vient de Dieu, la paix des cœurs et non celle des armes.
Fait à Bangui,
14 Février 2013
Mgr Edouard MATHOS, président de la CECA, évêque de
BambariMgr Albert VANBUEL, vice-président de la CECA, évêque de Kaga Bandoro
Mgr Dieudonné NZAPALAINGA, archevêque de Bangui
Mgr Nestor Désiré NONGO AZAGBIA, évêque de Bossangoa
Mgr GUERRINO PERIN, évêque de Mbaïki
Mgr Peter MARZINKOWSKY, évêque d’Alindao
Mgr Dennis KOFI AGBENYADZI, évêque de Berberati
Mgr Armando GIANNI, évêque de Bouar
Mgr Juan Jose AGUIRRE, évêque de Bangassou
Mgr Cyr Nestor YAPAUPA, évêque coadjuteur d’Alindao
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