YAOUNDE
HOMELIE
DU VENDREDI
6 MARS 2015
Nous sommes
en plein Carême. Chaque vendredi, l’Eglise par ses chemins de croix nous invite
à nous purifier, à demander pardon de nos péchés. Chaque jour, à la messe, les
textes nous invitent à suivre le Christ. Ces textes ont été choisis, au Concile
Vatican II. Les années passent très
vite. Le Concile Vatican II, c’était hier à peine. Le 11 octobre 1962, il y a
seulement 53 ans, ce Concile débutait. Jean XXIII allait le conduire jusqu’à sa
mort, le 3 juin 1963, à peine 8 mois plus tard. Paul VI lui succédait, et
mettait au travail de multiples ordres religieux pour rénover la liturgie, et
choisir des textes pour chaque jour. Bénédictins, dominicains, jésuites
allaient travailler pendant 4 ans. L’idée était de mettre à la portée des paroissiens les plus
grands textes de la Bible sur trois ans. C’était un changement, tellement fort
que c’est vous maintenant qui lisez les textes. Imaginez auparavant. Nous, les
prêtres lisions tout et seulement en latin. Et encore, le dos tourné au peuple.
Aujourd’hui,
ces deux textes que nous venons de lire ont ainsi été choisis par des hommes connaisseurs
de la Bible. Vous avez pu remarquer déjà qu’ils ont quelque chose à faire
ensemble. Dans l’un, Joseph est menacé d’être mis à mort par ses propres
frères. Dans l’autre, le fils du propriétaire de la vigne n’est pas seulement
menacé, il est mis à mort, massacré par les vignerons. Vous comprenez que c’est
bien de la mise à mort du Christ dont l’Eglise veut nous parler. Le carême nous
fait revivre les souffrances du Christ
dans sa Passion, pour nous préparer à sa Résurrection, au jour de Pâques. Au
cours des siècles, les chrétiens ont toujours eu à prier pour ceux qui souffraient.
Aujourd’hui, la Passion du Christ s’étale sous nos yeux. Notre propre pays
lui-même assiste à des barbaries toujours plus raffinées. Dans toutes les
guerres, des petites filles de 7 ans ont pu être tuées, mais imaginer de les
faire exploser elles-mêmes avec des bombes qu’on met sur leur corps pour tuer
des gens dans un marché, ou à la sortie d’une Eglise, c’est vraiment le signe
d’une grande perversion. Et pourtant, nous croyons que le Seigneur peut convertir
le cœur de ces gens de l’état islamique. L’Eglise en a vu d’autres. A commencer
par la conversion de St Paul. Je me souviens de Pie XII canonisant Maria
Goretti. Son assassin était là, présent. Il venait de rentrer dans un ordre
franciscain.
L’histoire
de Joseph vendu par ses frères, rejoint notre propre histoire. Celle du Fils
tué par les vignerons, c’est notre histoire. Toute la Bible nous tisse des
récits où Dieu cherche à nous aider à L’aimer. Tous ces récits sont là pour que
nous restions toujours dans l’espérance. Heureux sommes-nous, si nous pouvons
déclarer comme le Christ dans l’Evangile de ce matin : « N’avez-vous
jamais lu dans les Ecritures : « La pierre qu’ont rejeté les
bâtisseurs est devenue la pierre d’angle. C’est là l’œuvre du Seigneur, une
merveille sous nos yeux. ». Cherchez bien : il y a beaucoup de
« merveilles dans nos vies" . Amen
Jean Baptiste Beraud, sdb