mardi 22 mars 2016

POLITIQUE


RD CONGO -

Assassinat d’un prêtre
assomptionniste

dénonçant l’exploitation
du Coltan

au détriment des populations
locales
 
Kinshasa (Agence Fides) – « Pourquoi me
tuez-vous ? » : telles ont été les dernières
paroles prononcées par le Père Vincent
Machozi, prêtre assomptionniste assassiné
dans la nuit de Dimanche 20 mars, dans le
village de Vitungwe-Isale, à 15 Km de
Butembo, dans le territoire de Beni
(Nord Kivu), dans l’est de la République
démocratique du Congo. Selon ce qu’indique
à La Croix, le Père Emmanuel Kahindo,
Vicaire général de la Congrégation des
Assomptionnistes (Augustins de l’Assomption)
lui-même de nationalité congolaise, « des
militaires sont arrivés à bord de véhicules vers
minuit, ils ont abattu la porte et l’ont tué sur
place ».
Les témoignages recueillis par le Père

Kahindo et par le site Internet benilubero.com
concordent sur le fait que les meurtriers sont
des militaires des forces armées congolaises
(FARDC). Le site Internet benilubero.com
indique en particulier que « une dizaine de
militaires en uniformes des Forces armées de
la République démocratique du Congo,
lourdement armés, qui voyageaient à bord
d’une jeep, ont fait irruption dans le périmètre
du centre social Mon Beau Village, où
s’étaient réunis les chefs traditionnels Nandes
pour participer à une réflexion sur la paix
convoquée par Mwami Abdul Kalemire III »,
chef de la communauté de Basho, en mission
dans la zone et hôte du couvent.
« Sans passer par de détours inutiles à leur

mission, ces malfaiteurs ont immédiatement
exprimé leur préoccupation de vouloir
atteindre le chef Kalemire et le Père Vincent.
Les témoins rencontrés sur place ont tenté
vainement de camoufler la présence de ces
deux personnes ciblées. Car, tout à coup, ces
criminels apercevront d’eux-mêmes et sans
effort, le Père Vincent qui naviguait dans son
ordinateur en plein air, dans la fraîcheur
nocturne de la cour du Centre social. Aussitôt
se déchaîna une rafale de crépitement des
balles au milieu desquelles on entendit un seul
mot du Père Vincent : « Pourquoi me
tuez-vous», après quoi il s’allongea par terre et
expira. Quant au chef Kalemire III, il échappa
au pire uniquement du fait qu’il venait de
quitter la compagnie du Père Vincent pour
aller se reposer ».
Le Père Vincent avait déjà été menacé de mort,

tant il est vrai qu’en 2003, il avait été contraint
à l’exil aux Etats-Unis. Cela ne l’avait pas
empêché de devenir le rédacteur en chef du
site Internet benilubero.com. Après son retour
en RDC, il avait échappé à sept attentats.
Le Père Vincent avait dénoncé à plusieurs

reprises les souffrances de la population
Nande causées par la présence sur le territoire
de Beni de différents groupes armés se dédiant
à l’exploitation illégale du Coltan (minéral
utilisé dans la fabrication de composants
électroniques pour les téléphones portables)
souvent avec la connivence de l’armée.
Le religieux est né en 1965. A 17 ans, il était

entré dans la Congrégation des
Assomptionnistes. Après avoir achevé ses
études en France, il fut ordonné à Angers en
1994. Il a enseigné au Séminaire de Kinshasa
et a obtenu un Doctorat en résolution des
conflits à l’Université de Boston.
Toujours le Dimanche 20 mars, un prêtre de

l’Ordre des Clercs réguliers mineurs a été
grièvement blessé dans une embuscade routière
à Katwiguru, à 30 Km de Rutshuru
(Nord Kivu) (voir Fides 21/03/2016).
(L.M.) (Agence Fides 22/03/2016)

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