lundi 7 septembre 2015

POLITIQUE

 


SYRIE;
L'EXODE DES CHRETIENS

« je rentre tout juste de Syrie… »

Chers amis,
Je rentre tout juste de Syrie où j’accompagnais
Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon,
pour le jumelage de son diocèse avec celui de
Homs. Certains penseront qu’un tel déplacement
n’est pas raisonnable et ils auront raison. Mais
on ne peut pas parler des chrétiens d’Orient,
vouloir les aider et leur exprimer notre proximité
sans, de temps à autre, mouiller notre chemise et
aller à leur rencontre.
C’est d’autant plus important lorsque, comme en
Syrie, ils ont l’impression de recevoir toute la
violence du monde et de servir de boucs
émissaires sacrifiés sur l’autel d’intérêts obscurs.
En réalité, ce n’est pas qu’une impression : ils
savent qu’ils sont sacrifiés et le pire, c’est que là
encore, ils ont raison.
L’État islamique est officiellement devenu une
cible à abattre et on s’y emploie beaucoup, mais
surtout dans les discours. Dans les faits, sur le
terrain, ils poursuivent leur progression et se
rapprochent de nous, que ce soit en Libye où
leur territoire ne cesse d’augmenter – et la Libye,
qu’on le veuille ou non, c’est la porte d’entrée
en Europe pour les migrants – ou encore plus
près, en Bosnie-Herzégovine.
Contenus en Irak, ils semblent continuer à avoir
carte blanche en Syrie où leur mission reste le
renversement du régime de Bachar al-Assad. Les
Saoudiens, les Qataris et les Turcs sont d’accord
et la France aussi, ce que je tente d’expliquer
dans mon dernier livre Guerres, pétrole et
radicalisme – les chrétiens d’Orient pris en étau.
La crise au Moyen-Orient est en effet le produit
combiné de responsabilités locales (enjeux
énergétiques, lutte entre l’Arabie Saoudite et
l’Iran, radicalisation de l’islam) et étrangères
(ingérences occidentales). Dans ce contexte,
toute la population souffre mais pour les
chrétiens, c’est encore pire : leur simple survie
sur les terres qui ont vu naître le christianisme
est en jeu.
Tout le monde est donc d’accord, mais a-t-on
posé la question aux Syriens ? Pour les avoir
rencontrés il y a quelques jours, je peux vous
assurer qu’ils n’aspirent qu’à une chose : la fin
de cette guerre tragique. Depuis plus de quatre
ans, ils savent que les rebelles sont pour la
plupart des mercenaires étrangers, financés et
armés par l’étranger. Quand allons-nous, y
compris la France, enfin changer de politique au
Moyen-Orient ?
En attendant, ce jumelage est un premier pas et
l’AED de son côté va continuer à soutenir
massivement les chrétiens de Syrie.
Grâce à vous !
Bonne rentrée !
Marc Fromager
Directeur de l’AED (Aide à l'Eglise en Détresse)

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