vendredi 18 février 2011

LA VOIX DU PAPE

Benoit  XVI et Peter Seewald
Le mardi 23 novembre 2010, dans la salle de presse du Vatican, le journaliste allemand Peter Seewald  présente son dernier livre, ses  «entretiens avec Benoît XVI ». Le volume est  intitulé « Lumière du monde », et deux lignes précisent sur la couverture « Le pape, l’Eglise et les signes des temps ».
Seewald est né en 1954 dans une famille catholique de Passau, aux confins de la Bavière et de l’Autriche, région chère au cœur du pape bavarois. On comprend qu’ils aiment se retrouver, et  ils ont déjà travaillé ensemble pour deux autres livres : Le Sel de la terre en 1997 (Flammarion-Cerf), et Voici quel est notre Dieu en 2001 (Plon-Mame). Le Pape et le journaliste s’estiment beaucoup : « Entre nous, nous parlions en dialecte », confie Seewald. Ce soir, Peter est fatigué. La journée a été épuisante.  La conférence de presse, l’audience avec le pape, les interviews des radios, télévisions, journaux. Mai surtout, l’ancien correspondant du Spiegel, du Bild, du Süddeutschen Zeitung, a du mal à supporter tant de confrères journalistes qui  ont réduit son livre à « la question du préservatif » : « Lorsqu’on « étroitise » tellement une question, cela montre une crise du journalisme devenu incapable de discerner l’essentiel  et de le faire partager à ses lecteurs. »
Ces cinq dernières années, malgré leur amitié, Peter a dû s’y prendre à trois reprises pour arracher l’accord de Joseph Ratzinger en faveur de ce troisième ouvrage.  « A une deuxième demande, on m’avait proposé 2 ou 3 heures d’entretien, mais j’ai refusé : c’était insuffisant pour un livre. » Finalement, il a obtenu l’accord du pape qu’il a rencontré durant l’été 2010 à Castelgandolfo, une heure par jour pendant six  jours.
Qui est Seewald ?
Dans les années 1968, le jeune Seewald est séduit par le gauchisme révolutionnaire. Il signe sa « sortie d’Église » en 1973. Puis, peu à peu, il s’interroge : « J’entrais parfois dans une église. Bien que doutant et méfiant envers la Révélation, il me paraissait indéniable que le monde n’était pas dû au hasard, comme Marx et d’autres l’affirmaient…» Et puis… « un jour, j’ai compris que les idéaux de ma jeunesse, je les retrouvais tous dans le message du Christ. Il suffit de lire l’Évangile. Les réponses y sont beaucoup plus radicales que celles du Manifeste de Marx. » Voyant grandir ses deux garçons, aujourd’hui âgés de 22 et 27 ans, en dehors de l’Église, il s’inquiète : « J’ai trouvé terrible qu’ils n’aient pas eu accès à cette culture séculaire. Paradoxalement, un jour, ils ne pourraient même pas faire le choix que j’avais pu faire : sortir de l’Église. »
« Lumière du monde » déjà vendu à près d’un million d’exemplaires. 
Cependant le nouveau livre est là. Aussi bien y sont évoqués sans hésitation, les problèmes de l’économie mondiale, de l’endettement colossal des pays qui ferment l’avenir aux générations de demain, que ceux de l’écologie, de l’homosexualité ou de l’ordination des femmes. Aucun problème n’est éludé, ni la situation du « prêtre qui vit avec une femme », ni celui du crucifix dans les écoles d’Italie. Les dégâts du commerce de la drogue sont traités aussi bien que « les ravages inimaginables causés par le tourisme sexuel ».
Sorti le 24 novembre 2010, « Lumière du monde »… est déjà un « succès de librairie », affirme mercredi 19 janvier 2011, l’Osservatore Romano, le quotidien du Vatican…. Le total des ventes en diverses langues « frôle le million de copies ». Le directeur de la maison d’édition du Vatican, le  prêtre salésien Giuseppe Costa, explique ce succès : « Le livre permet de voir le visage humain d’un pape dont on souligne souvent le côté réservé. » (En France, le livre est publié par Bayard)


















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire