FACE AUX COMBATS
UNE EGLISE QUI PARLE
Le texte ci-dessous nous a été transmis directement de Bangui par le jeune salésien Eynem Maguergue. Directeur à Bangui d'une école primaire en milieu populaire, Eynem a utilisé son I-Phone pour cet envoi.
Mgr
Nzapalainga : « La solution en Centrafrique ne peut passer
que par le dialogue »
Quelles sont les racines du conflit actuel, opposant les rebelles du Séléka au
président François Bozizé ?
Notre pays a connu toute une série de dialogues politiques : « conférence
nationale », « grand débat national »,
« dialogue politique inclusif »… À l’issue de ces
processus, des accords ont été signés, des résolutions prises, des promesses
faites. Or le plus souvent, elles n’ont
pas été respectées. Lorsque les signataires retournent dans leur camp, des gens
de la base estiment que ce qui a été signé ne les engage pas. Il
s’ensuit même des scissions au sein des partis.
Par exemple, il avait
été décidé que ceux qui, dans la brousse, déposaient les armes, pourraient
entrer dans l’armée ou se voir proposer une aide pour se réinsérer, voire un
travail. Or les choses traînent. Il semble que le gouvernement ait utilisé les
crédits à autre chose. Il faudrait une évaluation de ce qui a été fait, de ce
qui n’a pas été fait, en déterminer les raisons, et désigner les responsables,
de part et d’autre. Mais nous restons actuellement dans le non-dit. Faute de
cet état des lieux précis, les deux camps s’accusent mutuellement et en bloc.
Le non-respect de la parole donnée engendre des frustrations, la violence, la
rébellion, la guerre et la destruction.
Certains viennent même
me voir pour demander à l’Église de jouer le rôle de tierce personne dans les
discussions entre gouvernement et rebelles. Mais nous ne pouvons jouer ce rôle
à l’heure actuelle, faute de contact avec ces derniers. Peut-être mes frères
évêques du nord du pays en ont-ils mais je ne parviens pas à les joindre :
toutes les lignes téléphoniques sont coupées.
Dans un pays confronté
au népotisme, au clanisme, au régionalisme et à la concentration des richesses
de tout un peuple entre les mains d’une minorité, une autre aspiration connexe
se fait sentir : la justice. Il ne s’agit pas de promouvoir un
égalitarisme mais de rendre à chacun son dû et de se préoccuper des plus
faibles. Nous attendons que la justice soit rendue selon les dispositions du
droit pour mettre un terme au règne des grands qui écrasent les petits.
RECUEILLI
PAR ANNE-BÉNÉDICTE HOFFNER (La Croix)
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